La députée Brigitte Adjamagbo-Johnson a tiré la sonnette d’alarme après une visite des chantiers de voiries urbaines à Lomé. Elle a dénoncé des retards généralisés, des abandons de travaux et des difficultés financières pour les entreprises. Selon elle, les populations togolaises subissent les conséquences de ces problèmes depuis plus de trois ans.
Togo : des travaux à l’arrêt, des coûts explosifs
Les 14,34 km de routes urbaines concernés par le projet de réhabilitation accumulent les retards. Les taux d’avancement dépassent rarement 50 %, et certains chantiers sont à l’arrêt faute de paiement. « Les entreprises adjudicataires sont en grande difficulté financière, et cela impacte directement l’avancement des travaux », a déclaré Mme Adjamagbo-Johnson. Les coûts ont explosé, atteignant jusqu’à 481 % des prévisions initiales.
Les délais contractuels sont dépassés de plus de 250 % sur certains sites. Les entreprises se retrouvent dans l’incapacité de poursuivre les travaux. La mauvaise qualité des études préalables est pointée du doigt. Les réseaux souterrains (eau, électricité, télécommunications) n’ont pas été pris en compte. « Les travaux ont été lancés sans une identification rigoureuse des réseaux à déplacer, ce qui a conduit à des surcoûts imprévus et des interruptions », explique la députée.
Sur le boulevard Mobutu, la découverte d’infrastructures souterraines non répertoriées a entraîné une modification du tracé. Sur la rue Maria Auxiliadora, la facture est passée de 1,5 milliard à 2,25 milliards de F CFA. Les retards ont des conséquences directes sur la vie des habitants. Les routes sont impraticables, les eaux stagnent, et les accidents se multiplient. « Ce projet, censé améliorer le cadre de vie des citoyens, est en train de devenir une source de souffrance pour eux », déplore Mme Adjamagbo-Johnson.
Un budget insuffisant, des questions en suspens
Le budget de l’État togolais pour 2025 ne prévoit pas de solution convaincante. Les fonds alloués à l’aménagement routier ont diminué de 14 %. « Nous avons demandé au gouvernement quelles mesures concrètes ont été prises pour garantir l’achèvement des travaux en souffrance. Aucune réponse ne nous a été donnée », dénonce la députée.
Au lieu de terminer les chantiers existants, de nouveaux projets auraient été lancés au Togo . Cette décision est jugée opportuniste à l’approche des élections municipales. Mme Adjamagbo-Johnson exige des actions immédiates pour éviter une paralysie totale des chantiers. Elle réclame un audit approfondi des projets, le paiement des décomptes impayés, et une meilleure planification des travaux. « Le gouvernement doit assumer ses responsabilités et garantir une exécution efficace et transparente des projets d’infrastructures. Il est inacceptable que des travaux lancés depuis 2021 soient encore en souffrance aujourd’hui », conclut-elle.