Le président togolais, Faure Gnassingbé, pourrait bien se retrouver au cœur d’une nouvelle crise politique. Ses récentes déclarations sur une possible adhésion du Togo à l’Alliance des États du Sahel (AES) ont suscité une vive polémique, tant au sein du pays qu’au niveau régional.
Un jeu d’échecs politique ?
Le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a ouvert le bal en évoquant l’opportunité pour le Togo de rejoindre l’AES, un bloc régional regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Une déclaration qui n’est pas passée inaperçue, notamment auprès du député sénégalais Guy Marius Sagna. Ce dernier y voit une manœuvre politique visant à détourner l’attention des problèmes internes du Togo, notamment en matière de démocratie et de droits de l’Homme. « Le message est clair : si la CEDEAO parle de l’état de la démocratie au Togo, des mandats illimités, des prisonniers politiques ou des violences d’État, alors Faure Gnassingbé menace de rejoindre l’AES », a-t-il dénoncé.
Une CEDEAO sous pression ?
En évoquant une possible adhésion à l’AES, Faure Gnassingbé semble vouloir exercer une pression sur la CEDEAO, l’organisation régionale ouest-africaine. En effet, cette adhésion pourrait être interprétée comme un retrait de la zone d’influence de la CEDEAO, une organisation qui a régulièrement critiqué la situation politique au Togo. « Cette stratégie vise à faire pression sur ses homologues ouest-africains afin qu’ils évitent de critiquer la situation des droits humains dans le pays », estime Guy Marius Sagna.
Un choix stratégique risqué ?
Pour le député sénégalais, le choix d’une adhésion à l’AES est risqué pour le Togo. L’AES est perçue comme un bloc plus radical et moins soucieux des normes démocratiques que la CEDEAO. En rejoignant ce bloc, Lomé pourrait se retrouver isolé sur la scène régionale et faire face à de nouvelles sanctions. « Une autre Afrique de l’Ouest est possible et nécessaire. Une Afrique qui transforme radicalement ses rapports avec le reste du monde, mais aussi les relations entre les élus et les peuples souverains », a-t-il plaidé.
Les enjeux pour la région
La décision du Togo d’adhérer ou non à l’AES aura des conséquences importantes pour la stabilité de la région. Si le Togo rejoint l’AES, cela pourrait accentuer les divisions au sein de l’espace ouest-africain et affaiblir la CEDEAO. Inversement, le pays reste au sein de la CEDEAO, cela pourrait renforcer l’organisation et l’inciter à agir plus fermement pour défendre les principes démocratiques.
L’avenir incertain du Togo
Le choix que fera Faure Gnassingbé aura un impact déterminant sur l’avenir politique du pays . En optant pour une adhésion à l’AES, il pourrait renforcer son pouvoir à court terme mais risquerait d’isoler le pays sur la scène internationale. En restant au sein de la CEDEAO, il pourrait être contraint à des réformes démocratiques mais bénéficierait du soutien de l’organisation régionale.
Les prochains mois s’annoncent donc décisifs pour l’avenir du pays et de la région.