Tidjane Thiam a fait une apparition remarquée à Yamoussoukro dans le cadre de sa candidature pour la présidence du PDCI RDA. Au RHDP, la panique semble s’emparer des plus grands cadres. Le discours inaudible de Cissé Bacongo en dit long sur l’ambiance au sein de la formation du Président Alassane Ouattara… Analyse.
La sérénité quitte le RHDP d’Alassane Ouattara
Les forces vives du PDCI RDA sont heureuses de la prochaine désignation de Tidjane Thiam à la tête du parti. L’ancien patron de Crédit suisse est un des rares politiciens ivoiriens capables de ramener la formation de feu Félix Houphouët Boigny à la tête de la Côte d’Ivoire face à un Alassane Ouattara qui a fixé haut la barre ces dernières années.
Tidjane Thiam se lance justement à la conquête du PDCI RDA pour se servir de cette machine dans son ambition vers la présidence de la Côte d’Ivoire. Si la bataille semblait configurée pour faire rage au sein de son parti, avec un fort risque de fissure de l’appareil dirigé jusqu’en août dernier par feu le Président Henri Konan Bédié, Tidjane Thiam est parvenu à obtenir une large adhésion à sa candidature et désarmer toutes les poches de conflits au sein de l’appareil.
Le polytechnicien a profité, il faut le reconnaitre, de l’élimination de deux cadres du parti, Noël Akossi Bendjo et de Maurice Kakou Guikahué de la course pour optimiser ses chances de victoire. Noël Akossi Bendjo s’est d’ailleurs rapidement rallié à Tidjane Thiam, assurant littéralement déjà sa victoire à cette élection attendue le 16 décembre prochain.
Maurice Kakou Guikahué, recalé comme Noël Akossi Bendjo à cause du contrôle judiciaire dont il faisait l’objet, a miraculeusement vu la justice ivoirienne l’en libérer. Il ne faut pas sortir de Saint Cyr pour comprendre qu’un autre adversaire dissimulé s’est mêlé à cette lutte de la présidence du PDCI RDA. Sauf que « Capitaine courage » a déjoué les pièges contre le PDCI puisque malgré la levée du contre judiciaire, il a décidé de s’abstenir de tout recours contre la décision de son élimination, traçant ainsi un boulevard dégagé pour l’arrivée de Tidjane Thiam.
Les suppositions gratuites du ministre Cissé Bacongo sur Tidjane Thiam
Le Ministre Ibrahim Cissé Bacongo, en fonction auprès du Président de la République chargé des Affaires politiques, ne semblait pas très serein au moment d’évoquer cette élection interne au PDCI. Son propos cafouillé en dit long sur la peur qu’inspire à son camp le ministre Tidjane Thiam, jusqu’ici absent du terrain des attaques personnelles. L’ingénieur qu’il se revendique ne veut parler en politique que de solutions à implémenter pour solutionner les problèmes de la Côte d’Ivoire. Il se tient donc volontairement à bonne distance des belligérances.
Il lui a suffi d’affirmer que le PDCI qu’il veut diriger doit « revenir dans le nord de la Côte d’Ivoire » que le RHDP croit sa chasse gardée pour faire bondir les cadres de ce parti. Sauf que la Côte d’Ivoire fait 322 462 km² et le nord du pays en fait partie. C’est donc le droit le plus absolu d’un responsable politique ambitieux de vouloir y implanter son parti politique et cela ne devrait susciter aucun commentaire d’aucun de ses adversaires.
Tidjane Thiam a déclaré à Yamoussoukro le week-end dernier : « Parlons clair, le PDCI doit revenir au nord du pays ! […] Comme nos amis en témoignent, on n’en est jamais parti. Il faut tout simplement remotiver nos militants, leur montrer qu’ils sont importants et que nous les aimons…»
Qu’est-ce qui peut dans ce propos justifier la sortie d’Ibrahim Cissé Bacongo si ce n’est qu’il croit que le peuple du nord ou les musulmans de la Côte d’Ivoire appartiennent à son seul parti politique ?
Il a essayé de répondre à Tidjane Thiam en disant « Il s’agit de Tidjane Thiam. C’est un ancien qui veut se faire passer pour un nouveau, où un nouveau en réalité qui est un ancien. »
Tout de suite après, il ajoute « Ne vous méprenez pas M. Le président de l’assemblée générale élective des jeunes. […] L’ivoirité n’est pas morte avec l’arrivée de Tidjane Thiam, loin sans faux. Tidjane Thiam veut jouer sur deux plans mais il ne pourra pas, ce n’est pas possible. Nous sommes là et nous l’attendons… Le plan sur lequel il veut jouer pour distraire notre jeunesse du RHDP est le plan du patronyme et de la religion. [•••] On veut aller au nord pour dire que je m’appelle Tidjane Thiam. Voyez, je porte un boubou blanc, vendredi je suis à la mosquée. Mais on n’est pas même chose. »
Cette réaction totalement inadaptée, incohérente et peu crédible est suivie de « Nous ne disons pas qu’il vient d’ailleurs. Il s’appelle Tidjane Thiam, il est ivoirien, un point, un trait. Mais il ne faut pas qu’il vienne dire qu’il est du nord comme Alassane Ouattara, il est musulman comme Alassane Ouattara…»
Ce qu’il faut retenir du positionnement de l’ex-banquier
1 – Dans un premier temps, personne en Côte d’Ivoire n’a posé la question de l’origine de Thiam au RHDP. Qu’il soit ivoirien ou pas n’est nullement de la responsabilité de ce parti et donc ses cadres devraient même s’abstenir d’évoquer le sujet au regard de la lutte qu’ils croient avoir mené sur cette thématique.
2 – Le second point est que Thiam ne s’est jamais assimilé à un nordiste ou même à Alassane Ouattara. Thiam est de Yamoussoukro de par ses parents et cela est connu de tous les ivoiriens. Il se revendique Tidjane Thiam, un nom bien respecté partout en Côte d’Ivoire et à l’international.
Il est, s’il fallait le rappeler, de l’arbre généalogique du Président Felix Houphouêt Boigny de qui se revendiquent d’ailleurs toute la famille RHDP et Alassane Ouattara lui-même. Pour quelle raison voudrait-il réduire son capital séducteur en se revendiquant du nord ou Alasaniste alors qu’il est très exactement au centre du village d’où il peut toucher les couches les plus profondes de la Côte d’Ivoire toute entière ?
Cissé Bacongo affirme que Thiam cherche à faire croire qu’il est « comme Alassane Ouattara et que lui et Ouattara c’est bonnet blanc et blanc bonnet »
Tidjane Thiam s’est jusqu’ici présenté comme ce qu’il est et tous les Ivoiriens le voient. Ces propos sont révélateurs de la « peur panique » qui s’empare progressivement du camp du président Alassane Ouattara, sans doute pétrifié par l’idée de perdre le pouvoir en 2025.
Et pourtant, il y a une vie après le pouvoir et chaque parti politique qui lutte pour diriger un pays devrait savoir qu’un départ du pouvoir est irréversiblement l’étape d’après.
Le camp Thiam que nous avons sollicité pour commenter le discours de Cissé Bacongo n’a pas souhaité « accorder de l’importance à des futilités qui révèlent une peur panique. »