Le dimanche 24 mars 2024, les populations du Sénégal étaient aux urnes pour élire leur président de la République, après des périodes mouvementées dues à une crise politique liée aux velléités du président sortant, Macky Sall de rester d’une façon ou d’une autre, celui qui bat les cartes et les distribue au Sénégal.
Sénégal : Rajeunissement au sommet du pouvoir
Déclaré vainqueur de cette élection présidentielle, Bassirou Diomaye Faye devient le cinquième président du Sénégal depuis l’indépendance en 1960. Mais pour y arriver :Que de tribulations !Que de péripéties !Que de souffrances !Que d’humiliations !Mais c’est connu, tout accouchement est difficile et douloureux.
Candidat « par défaut », après le chemin de croix du président de son parti, Ousmane Sonko, son embastillement et l’invalidation de la candidature de ce dernier, Bassirou Diomaye Faye, libéré de prison quelques jours avant le scrutin, a eu la chance de voir se fédérer autour de sa candidature, les principaux opposants de Malick Sall, et bien entendu a bénéficié du soutien sans faille d’Ousmane Sonko.
Avec cette élection, on assiste au Sénégal à un rajeunissement au sommet du pouvoir, sans tambour ni trompette, sans passage de témoin issu d’un quelconque héritage.
Il n’a jamais été demandé à un quelconque « vieux » de débarrasser le plancher, à l’effet de faire la place à un « jeune ».
Les jeunes que sont Sonko et Faye, se sont eux-mêmes frayé un chemin, se sont eux-mêmes fait un nom, et ont su gagner le cœur des sénégalais, dont ils partageaient le quotidien. Ils ont accepté et subi toutes les tribulations orchestrées par le pouvoir sortant, ont souffert dans leur chair et dans leurs âmes, tout en restant constants et fidèles à leurs convictions.
Ils ont accepté à leur corps défendant, de subir au plan professionnel, le courroux de leurs supérieurs hiérarchiques, sans oublier le délice de l’univers carcéral qu’ils ont été obligés de goûter.
Ainsi en avril 2023, Bassirou Diomaye Faye a rejoint Ousmane Sonko dans l’univers carcéral, pour « diffusion de fausses nouvelles, outrage à magistrat et diffamation envers un corps constitué ». Tout cela, pour avoir critiqué les magistrats qui ont jugé en appel dans le procès intenté par le ministre Mame Mbaye Niang.
L’accession au pouvoir du Pastef, le parti politique fondé en 2014 par des jeunes cadres de l’administration publique sénégalaise, du secteur privé et des professions libérales, est un enseignement duquel, tous les jeunes qui ont l’ambition de conduire la destinée de leurs pays doivent pouvoir tirer des leçons.
Les sénégalais n’ont pas mis en avant le parcours impressionnant de leurs nouveaux dirigeants dans des institutions internationales, leur curriculum vitae riche, leurs relations usuelles avec les grands de ce monde, encore moins l’épaisseur de leurs carnets d’adresses.
Ces jeunes leaders n’ont pas été précédés d’une réputation de technocrates de haut vol, qui viendraient trouver des réponses à toutes les préoccupations existentielles des Sénégalais.
La congruence qu’il y a eu entre le peuple sénégalais et les jeunes leaders du Pastef, réside dans le fait que ces leaders ont su s’assumer sans défiler aux heures de braise, au risque de leur bien-être et même de leurs vies. Ce sont des « self made-men » qui n’ont pas attendu de prendre un héritage ou que leur soit transmis un témoin comme dans une course de relais. Ils ont «porté leur croix », étaient « morts » et aujourd’hui sont « ressuscités ». La leçon qui se dégage, c’est que le pouvoir ne se donne pas, il s’acquiert au prix de mille et un sacrifices…en Afrique.
C’est le lieu de rendre un hommage particulier à certains dirigeants d’institutions sénégalaises, qui après des allers et retours et des louvoiements, ont su se ressaisir pour remettre un tant soit peu en place, les débris de la vitrine de la démocratie qu’était le Sénégal, mise en mal par Macky Sall. Ils ont osé passer outre des décisions de l’Exécutif. Leurs homologues ailleurs, « n’ont pas cœur » pour une telle témérité.
Avec ce changement de pouvoir au Sénégal, il va sans dire qu’une ère s’est achevée et une autre va bientôt commencer.
De ce fait, de nombreuses questions taraudent l’esprit des uns et des autres.
Quelle sera la modulation de la politique étrangère du Sénégal ?
Quelles relations le pays entretiendra-t-il avec l’ancienne puissance coloniale ?
Quel rôle va-t-il désormais jouer au sein de la Cedeao ?
Quelles relations avec les états membres de l’Alliance des Etats du Sahel ?
Voilà autant de questions, autant d’interrogations auxquelles devront répondre les nouvelles autorités sénégalaises, et qui font certainement partie des dossiers qui les attendent.
Félicitations au Pastef, bon vent à Bassirou Diomaye Faye.
Ainsi va le Sénégal.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai