Le président congolais Denis Sassou Nguesso, en tant que président du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) pour la Libye, a effectué une visite de trois jours dans ce pays en crise depuis 2011. Ce déplacement, le premier depuis plus d’une décennie, s’inscrit dans une démarche de réconciliation nationale, avec l’objectif ambitieux de rapprocher les différentes factions libyennes pour lancer un dialogue inclusif. À l’issue de sesses d’entretien avec les responsables de Tripoli et Benghazi, il s’est optimiste montré : « L’espoir est permis », at-il déclaré, tout en appelant à une solution fondée sur l’histoire et les aspirations des Libyens.
Sassou Nguesso propose une charte africaine comme clé pour la réconciliation libyenne
Depuis la conférence de Berlin, le Comité de haut niveau de l’UA multiplie les efforts pour stabiliser la Libye. Lors de cette visite, Denis Sassou Nguesso a proposé un projet alternatif en l’absence d’une conférence immédiate : une charte de réconciliation libyenne qui pourrait être adoptée lors du sommet de l’UA en février prochain à Addis-Abeba.
Le projet se veut inclusif et porté par les Libyens eux-mêmes. « Il revient aux Libyens d’élaborer cette charte en fonction de leur histoire, de leur culture et de leurs aspirations », a rappelé le président congolais. Des brouillons, élaborés par l’université de Benghazi et le Conseil présidentiel de Tripoli, sont déjà disponibles. Cependant, la tâche reste complexe, notamment en raison des divisions profondes entre les autorités de l’ouest et celles de l’est.
Pour Jean-Claude Gakosso, ministre congolais des Affaires étrangères, il s’agit de parvenir à une « mouture consensuelle » qui pourra être acceptée par toutes les parties. Malgré les obstacles logistiques, comme l’absence de vols directs internationaux en Libye, l’Union africaine espère faire de cette charte un levier pour relancer la réconciliation nationale.
Une chance pour l’Afrique dans un contexte mondial en mutation
En Libye, la lassitude face aux initiatives de la communauté internationale ouvre une petite fenêtre d’opportunité pour un rôle plus central de l’Afrique. Alors que les responsables de Benghazi critiquent les efforts de l’ONU, ils expriment une certaine confiance envers l’Union africaine pour conduire une médiation impartiale.
Cependant, l’initiative africaine de Sassou Nguesso se heurte à des limites. Contrairement aux grandes puissances, le Comité de haut niveau de l’UA ne dispose pas de moyens de pression importants pour faire avancer ses propositions. De plus, les divisions internes libyennes compliquent le dialogue. Les autorités de l’est considèrent que le vice-président Abdallah al-Lafi, chargé du dossier de la réconciliation nationale, n’est pas neutre, ce qui alimente la méfiance.
Malgré ces défis, Denis Sassou Nguesso poursuit ses efforts, convaincu de l’importance d’une approche africaine pour la paix en Libye. « Les Libyens ont besoin d’une solution qui leur appartient et qui obtient leur pleine adhésion », a-t-il insisté. Reste à voir si cette démarche pourra franchir les obstacles pour offrir une voie durable à la cohésion sociale et politique.