Quatorze ans après les premières accusations, Nicolas Sarkozy fait face à la justice. L’ex-président français est soupçonné d’avoir reçu des fonds de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne de 2007. Le procès débutera ce lundi au tribunal correctionnel de Paris avec onze autres prévenus.
Nicolas Sarkozy et le financement libyen : une affaire à rebondissements
Le procès de Nicolas Sarkozy pour le financement libyen de sa campagne de 2007 s’ouvre ce 6 janvier. L’ancien président français, accompagné de onze prévenus, affronte des accusations graves. En 2011, des révélations en Libye, au moment de la chute de Mouammar Kadhafi, ont mis en lumière un possible financement illégal. « C’est grâce à nous qu’il est arrivé à la présidence », aurait déclaré Kadhafi au Figaro.
En 2012, Mediapart publie une note attribuée à l’ex-chef des renseignements libyens, Moussa Koussa. Cette note ferait état d’un accord de 50 millions d’euros pour soutenir Sarkozy. Nicolas Sarkozy a toujours nié ces accusations, qualifiant la publication de « faux ». Cependant, la justice a écarté l’accusation de faux, sans confirmer l’authenticité du document.
L’affaire s’élargit avec le témoignage de Ziad Takieddine, homme d’affaires franco-libanais, qui affirme que la campagne de 2007 a été financée par le régime libyen. Les juges, à la fin de leur enquête en 2023, considèrent qu’un « pacte de corruption » a été conclu entre Sarkozy et Kadhafi. « Les accusations portées par les Libyens ne sont qu’une vengeance », a toujours déclaré Sarkozy.
Les prévenus, dont des anciens ministres, sont accusés de corruption et de financement illégal. Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, aurait reçu des valises de billets selon Takieddine. « Claude Guéant démontrera qu’aucune des infractions ne sont établies », affirme son avocat.
Une machination ou des preuves solides ?
Les avocats de Sarkozy dénoncent une « machination » destinée à le nuire. « Il n’y a aucun financement libyen de la campagne », assure l’avocat Christophe Ingrain. « Après dix ans d’enquête, aucune trace de financement n’a été trouvée », insiste-t-il. En revanche, les magistrats affirment que « le pacte de corruption a été établi » et que les accusations de « machination » ne tiennent pas. « Ce dossier pourrait paraître romanesque, mais il repose sur des années d’investigations solides », déclare Vincent Brengarth, avocat de l’association Sherpa.
La défense de Sarkozy met en avant les contradictions de Ziad Takieddine, qui aurait changé de version plusieurs fois. Une rétractation temporaire en 2020 de Takieddine fait également l’objet d’une autre enquête. « La versabilité de Takieddine est évidente », affirme la défense.
Malgré les incertitudes, ce procès soulève des questions cruciales. « Quelles étaient les contreparties attendues ? », s’interroge Brengarth. « Jusqu’à quel point notre souveraineté a-t-elle été hypothéquée ? ». Le procès, prévu jusqu’en avril, devra répondre à ces questions essentielles.