Au Sénégal, le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a révélé la dette colossale qui pèse sur les entreprises de presse vis-à-vis du fisc. Le montant est évalué à 40 milliards de francs CFA, répartis entre la presse privée et la presse publique.
Sénégal : la presse sous le poids d’une lourde dette fiscale
Après la grève de 24 heures menée par les entreprises de presse au Sénégal, le gouvernement a annoncé des actions pour le développement du secteur. C’est dans ce cadre que le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a lancé une plateforme pour la déclaration des médias afin de constituer une base de données fiable. Lors de la cérémonie de lancement, le ministre a évoqué la situation précaire des médias, illustrée par la dette fiscale.
Selon les autorités, cette dette fiscale s’élève à 40 milliards de francs CFA. Les médias d’État détiennent 39 % du montant global, soit 11 milliards 200 millions pour la Radio Télévision Sénégalaise (RTS), 4 milliards pour Le Soleil et 400 millions pour l’Agence de Presse Sénégalaise (APS).
Le reste de la dette est réparti entre plusieurs médias privés. Le Groupe Futurs Médias (GFM) arrive en tête avec 16 milliards, soit 40 % de la dette totale. Le Groupe D-Média détient 4 milliards 400 millions, soit 11 % de la dette. AfriMedia et E-Media Invest détiennent respectivement 2 milliards 400 millions (soit 6 %) et 400 millions (soit 1 %) de la dette. Les autres médias privés se partagent 3 % de la dette, soit 1 milliard 200 millions.
Qu’en est-il de l’aide de l’État à la presse ?
Pour aider les médias à se maintenir, l’État n’a cessé de porter assistance aux entreprises de presse. De 2012 à 2023, le Fonds d’appui et de développement de la presse (FADP) a mis à disposition des médias des montants qui ont progressivement augmenté. En 2012, l’aide de l’État s’élevait à 700 millions de francs CFA pour 227 entreprises de presse et 169 radios communautaires bénéficiaires.
En 2022 et 2023, le fonds est passé à 1 milliard 400 millions, puis à 1 milliard 900 millions de francs CFA. Selon le rapport du ministère de tutelle, un audit diligenté pour comprendre la gestion du fonds révèle que plus de 800 millions de francs CFA ont été décaissés pour des activités ou des structures qui ne sont pas directement liées à des entreprises de presse.
Les médias sénégalais peinent à s’acquitter de leurs obligations fiscales, mais il y a un problème encore plus grave. Selon une enquête de la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS), 86 % des professionnels des médias ne sont pas déclarés pour les cotisations sociales et ne bénéficient d’aucune couverture sanitaire. De plus, 61,7 % des journalistes et techniciens employés dans les médias ne disposent pas d’un exemplaire de leur contrat, et 54,2 % ne sont pas régulièrement rémunérés.