Maurice Kakou Guikahué, Jean-Louis Billon et Thierry Tano pourraient sortir perdants de l’annulation du congrès du PDCI qui devait permettre à Tidjane Thiam de prendre la présidence du parti. Désormais, de nombreux militants du parti fondé par Félix Houphouët Boigny considèrent ces trois cadres comme nocifs pour leur parti.
La notoriété de Tidjane Thiam renforcée au PDCI RDA
Le PDCI RDA n’a pas élu son président comme prévu samedi. La raison, la justice ivoirienne a nuitamment suspendu le congrès électif qui devait permettre aux membres importants du parti de choisir le successeur de feu Henri Konan Bédié. Les militants venus nombreux au Sofitel Hôtel Ivoire, où devait se tenir le congrès, ne pardonnent pas à certains cadres la décision prise par la justice de Côte d’Ivoire pour repousser l’élection de Tidjane Thiam.
Dans le camp Tidjane Thiam, favori de la course à la présidence du PDCI RDA, on appelle au calme. Un communiqué a été diffusé à cet effet, disant : « Pour éviter tout risque, nous conseillons aux militants et sympathisants du PDCI d’attendre dans le calme les instructions de la direction du parti en s’abstenant de tout déplacement vers le site prévu pour le congrès ».
Tidjane Thiam a ensuite fait le déplacement à la maison du parti pour s’adresser aux militants. Il a assuré qu’il sera candidat, « quelle que soit la date, quelle que soit la forme ». Pour le ministre Tidjane Thiam, « On peut changer la date, on peut changer la formule », rien n’empêchera sa présence dans la course à la tête du parti.
L’avocat du PDCI, Me Blessy, avait déjà demandé aux militants du parti de rentrer chez eux sans céder à la provocation. Il a demandé aux uns et aux autres d’éviter de laisser s’exprimer leurs émotions, car dit-il, le président par intérim assure que le congrès du PDCI aura lieu quoi qu’il arrive avant son départ.
Des militants du PDCI accusent Guikahué, Billon et Tano
Pour des militants du PDCI, certains cadres tirent les ficelles dans cette décision nocturne de la justice obtenue grâce à une action d’hommes de paille, les sieurs Blesson Christophe et Ourah Affroumou Matthieu. Cette décision traduit en partie la volonté de Maurice Kakou Guikahué, Jean-Louis Billon et Thierry Tano opposés à l’arrivée de Thiam à la tête du PDCI. C’est ce que disaient en chœur plusieurs militants présents devant la maison du parti à Cocody.
« …Guikahué, Billon et Thierry Tano sont les mains derrière cette décision. Qu’ils sachent qu’on les voyait venir et que là ils ont vraiment poussé le bouchon loin. Malgré leur argent, qu’ils sachent qu’ils ne seront plus rien au PDCI où ils ne représentent rien d’ailleurs… », lance un militant révolté.
Un autre militant rajoute : « Que Billon et Tano sachent que Tidjane Thiam leur a laissé assez de temps pour faire leurs preuves. Si malgré son absence, sa non-interférence dans la gestion du parti, ils ne sont jamais parvenus à prendre le leadership, c’est tout simplement parce qu’ils ne sont pas des leaders. La sagesse aurait voulu qu’ils ne se dressent pas contre Tidjane Thiam. Pour le bien du parti et pour la Côte d’Ivoire, ils doivent laisser Ti Thi faire ses preuves…»
Un troisième militant surgit tout écœuré pour lancer « Billon, Tano, Billon Guikahué…, c’est Thiam ! Et je crois que vous le savez. Thierry Tano même, on n’en parle pas. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent, c’est poteau !!! C’est Thiam qu’on veut et c’est Thiam qui sera le président du PDCI. On ne veut pas de marmalleurs à la tête du PDCI…»
Il faut noter que la justice ivoirienne saisie par Blesson Christophe et Ourah Affroumou Matthieu, tous deux secrétaires généraux de la section PDCI de Yopougon, a suspendu le congrès électif du PDCI. Les noms de Maurice Kakou Guikahué, Jean-Louis Billon et Thierry Tano ne figurent pas sur l’acte de décision de justice consultée par Afrique-Sur7.ci.
Pour autant, des cadres du parti, surtout Jean-Louis Billon et Thierry Tano, co-auteur d’un communiqué conjoint jugé déloyal par de nombreux militants, essuient de plus en plus de critiques.
La bataille commence pour Tidjane Thiam
Dans les colonnes de nos confrères de 7 Info, Jean-Louis Billon a affirmé qu’il ne souhaitait pas une candidature de Tidjane Thiam pour la présidence du parti. Une position ouvertement assumée par ce dernier qui révolte aujourd’hui certains militants.
Le fait que certains cadres du RHDP, le ministre Cissé Bacongo, dénoncent une « élimination de Maurice Kakou Guikahué » de la course à la présidence ne semble pas innocent pour certains. Ils trouvent curieux que le dernier médecin de Félix Houphouët Boigny trouve de nouveaux défenseurs chez les adversaires. La levée du contrôle judiciaire dont il faisait l’objet ces dernières années est pour eux une seconde preuve de sa connivence avec le parti au pouvoir.
Depuis qu’il est entré dans la course pour la présidence du PDCI RDA, Tidjane Thiam fait face à une farouche opposition de ses camarades de parti. Ils estiment qu’il avait laissé le PDCI pendant plus de 20 et que revenir de façon opportune pour solliciter la présence du parti dans le but de consolider sa candidature à la présidentielle de 2025 est inadmissible.
Dans le camp des supporters de Thiam, on répond par l’affirmatif. Le consultant N’GUESSAN GUY PHILIPPE confie à ce propos : « Il a justement laissé le temps à chacun de faire ses preuves. Si en plus de 20 ans, ils n’ont pas pu ramener le PDCI au pouvoir, il est bon qu’une autre personne essaye sa formule. »
En ce qui concerne la position de Jean-Louis Billon dans les médias, il répond « Ce n’est pas ce que veut Billon qui intéresse les gens. Aujourd’hui, les militants du PDCI veulent un homme capable de ramener le parti au pouvoir et non des personnes qui revendiquent des postes importants au sein du parti juste pour se croire politiquement important. […] Avec tout le respect que j’ai pour eux, Thiam est une chance, c’est la meilleure option pour le PDCI et pour l’opposition ivoirienne dans son ensemble. »
Comme s’en doutait déjà Tidjane Thiam, la bataille ne fait que commencer, bien qu’il se fixe l’année 2025 comme celle à partir de laquelle il veut impacter solidement la Côte d’Ivoire.
Guy-Philippe N’Guessan dit à ce sujet « Si vous observez bien la réaction de Thiam, vous comprendrez qu’il s’y attendait. Il faut savoir laisser ses adversaires se mettre à dos le peuple et il a bien réussi ce coup.»