Les tensions politiques en Afrique de l’Ouest ont bouleversé les échanges commerciaux traditionnels. La décision du Mali, du Niger et du Burkina Faso de quitter la CEDEAO a entraîné une réorganisation des flux de marchandises dans la région
Afrique de l’Ouest: les nouvelles routes du commerce sahélien
Les sanctions imposées par la CEDEAO aux trois pays du Sahel, suite aux coups d’État successifs, ont contraint ces derniers à trouver de nouveaux partenaires commerciaux. Les ports de Lomé (Togo) et de Conakry (Guinée) sont ainsi devenus des alternatives stratégiques aux ports de Cotonou (Bénin) et d’Abidjan (Côte d’Ivoire), traditionnellement utilisés par ces pays.
« En 2022, au pic des sanctions de la CEDEAO contre le Mali, le transit malien a par exemple connu une croissance exponentielle au port de Conakry, progressant à 243% comparé à l’année précédente », explique la représentation du port de Conakry à Bamako.
Cette réorientation des flux commerciaux a toutefois un coût. Les longues distances à parcourir, notamment pour rallier le Niger, et le risque d’attaques jihadistes font grimper les coûts logistiques.
« Cela engendre une augmentation de plus de 100% des coûts logistiques par rapport au trajet pré-crise, avec des répercussions sur les prix des denrées alimentaires », souligne une étude de l’OCDE.
Sur les marchés, les commerçants ressentent déjà les effets de ces changements. Si certains estiment que les relations entre États n’impacteront pas l’approvisionnement, d’autres s’inquiètent de l’augmentation des taxes douanières et de l’avenir des échanges.
« Les taxes douanières ont augmenté ces dernières années », déplore Mohamed Konaté, un vendeur de tissus maliens à Dakar.
Au-delà des enjeux économiques en Afrique de l’Ouest , la nouvelle configuration des routes commerciales pose également des questions de sécurité. Les convois de marchandises traversent des zones à risque, exposant les transporteurs et les marchandises à des attaques.
Les tensions politiques en Afrique de l’Ouest ont profondément modifié les relations commerciales entre les pays de la région. Si les nouvelles routes commerciales offrent des opportunités pour certains acteurs, elles soulèvent également de nombreux défis, tant sur le plan économique que sécuritaire. L’avenir des échanges dans la région dépendra de la capacité des États à trouver des solutions durables pour résoudre les crises politiques et sécuritaires.