Seyni Amadou, rédacteur en chef de la chaîne Canal 3 Niger, a été interpellé et placé en garde à vue depuis le samedi 18 janvier 2024 par la police judiciaire du Niger. Son arrestation fait suite à la suspension temporaire de la chaîne, une mesure prise par les autorités après la diffusion d’un baromètre évaluant les ministres du gouvernement.
Niger : Seyni Amadou interpellé après la suspension de Canal 3
La situation est tendue pour Canal 3 et son rédacteur en chef. Après que le média a été suspendu pour une durée d’un mois, les autorités nigériennes ont également retiré la carte de presse de Seyni Amadou. Selon des sources proches du dossier, le baromètre diffusé par la chaîne n’a pas été du goût du ministère de la Communication qui a pris des sanctions contre la chaine de télévision.
Ce baromètre, pourtant bien connu des téléspectateurs, est une production habituelle de la rédaction de Canal 3. Il évalue les performances de chaque ministre, avec une analyse critique sur leur gestion. Un outil qui vise à encourager la transparence et la redevabilité au sein du gouvernement.
Cette affaire a rapidement suscité des réactions au-delà des frontières du Niger. Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), a fermement dénoncé ces mesures. Pour lui, la suspension de Canal 3, l’interpellation de son rédacteur en chef et le retrait de sa carte de presse sont des « décisions disproportionnées, voire un abus de pouvoir ». « Nous estimons donc que cette série de décisions est assez abusive puisque l’élément diffusé, de notre point de vue, ne porte aucunement atteinte aux règles éthiques et déontologiques », a-t-il déclaré à RFI.
Un climat inquiétant pour la liberté de la presse au Niger
La suspension de Canal 3 et l’arrestation de Seyni Amadou interviennent dans un contexte où les relations entre les médias et les autorités nigériennes semblent se détériorer. Pour de nombreux observateurs, cette affaire est symptomatique d’une presse muselée dans un pays où la liberté d’expression reste fragile.
Avant Canal 3, considérée comme l’une des chaînes privées les plus importantes du pays, d’autres médias ont également subi les conséquences du durcissement de ton des autorités nigériennes à l’égard de la presse. En août 2023, les médias français France 24 et RFI ont été suspendus et interdits d’émettre sur le territoire.