Il s’appelle Zeno Afroman et à l’état civil Christian Tchiako. C’est un artiste-chanteur originaire de la République Démocratique du Congo (RDC). Après plusieurs années passées en France où il réside, il est revenu en Côte d’Ivoire où il a vécu il y a des années à la faveur de la CAN pour faire la promotion d’un single dédié à l’équipe nationale du Congo. Avant son retour à Paris le lundi 29 janvier, il nous a accordé un entretien.
Le chanteur congolais Zeno Afroman sort ‘’To Gagné-Manzaka’’
-Qu’est-ce que cela te fait de revenir des années plus tard en Côte d’Ivoire où tu as vécu par le passé ?
(Il sourit) Je suis rempli d’émotions. Venir à Abidjan, je comprends mieux maintenant quand on dit : ‘’Babi est le plus doux au monde’’. Je le confirme quand je suis revenu. J’aurai dû revenir avant. Tout arbre déraciné perd sa saveur ainsi que sa valeur. Et j’en ai pris conscience. Je suis sur ma terre mère. Je me sens à l’aise et je me ressource. C’est ici que je ressent les bonnes vibrations. La Côte d’Ivoire est aussi mon pays, y’a pas que le Congo-Kinshasa mon pays. Parce que je suis africain avant tout. Le problème qu’il y a dans les yeux d’un européen, un noir reste un noir. Mais dans les yeux d’un africain, un noir est un sénégalais, ghanéen, congolais, etc. Je veux qu’on banni cela et qu’on se considère comme les américains qui disent : ‘’I’m american’’ et moi je dis : ‘’I’m african’’. C’est ça mon état d’esprit et mon discours est d’unifier les gens et non les discordes qui nous affaiblissent face aux autres continents.
-Tu reviens également à la faveur d’un contexte très particulier qui est la CAN. A quoi cela répond-t-il ?
J’ai décidé de revenir à l’occasion de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire. Parce que j’ai sorti un single intitulé ‘’To Gagné-Manzaka’’. Le félin est un animal qui est combatif et la vie c’est un combat de tous les jours. Et, il faut sortir les griffes à un moment. Justement la danse Manzaka est de sortir les griffes. Un hymne à ma manière d’encourager l’équipe nationale de football de la République Démocratique du Congo (RDC) lors de cette CAN (Les Léopards jouent les 1/8 finale aujourd’hui dimanche 28 janvier à 20 h contre les Pharaons d’Egypte). J’espère que cette chanson va porter chance à notre équipe nationale pour passer le cap. Elle est aussi dédiée à tous les congolais où qu’ils se trouvent dans le monde à l’occasion d’une victoire quelconque. Ce titre est déjà disponible sur toutes les plateformes de téléchargement musical.
-As-tu déjà fait écouter cette chanson aux dirigeants sportifs et aux joueurs ?
Oui! C’est ce qui m’a même motivé à revenir justement en Côte d’Ivoire. La chanson a été validée et a eu un bon retour. J’ai même tourné le clip à Abidjan pour coller à l’actualité sportive qui est la CAN.
-Est-ce qu’il y a un album complet en vue après ce single ?
Bien sûr! Je prépare justement un EP de six titres dans le style Hip-Hop drill.
-Est-ce que tu connais un peu la musique ivoirienne avec quelques noms d’artistes ?
Oh, je ne peux prétendre connaître la musique ivoirienne. Mais, je connais au moins les plus grands noms comme Alpha Blondy, Meiway et voire feu Arafat DJ.
-Connais-tu les artistes comme Didi B et Suspect 95 ?
Malheureusement, je n’ai pas encore eu le plaisir de les rencontrer. Ça serait l’idéal et comme j’ai dit, c’est de me rattacher à mes racines et faire des choses ensemble pour mettre en lumière notre continent.
‘’J’espère que cette chanson va porter chance à notre équipe nationale’’
-Quels sont les artistes ivoiriens avec qui tu souhaiterais faire une collaboration si l’occasion se présentait ?
Je vous ai dit plus haut que je n’ai pas une grande connaissance de beaucoup d’artistes ivoiriens. Je suis en train d’apprendre à les découvrir. Je ne suis pas non plus fermé à des collaborations.
-Qu’est-ce que as-tu apprécié depuis ton retour ?
Bon, il y a la nourriture avec le fameux poisson braisé et l’accueil formidable du peuple ivoirien.
-Pourquoi as-tu sorti des chansons tardivement alors que tu as commencé tôt la musique ?
Bon, je faisais partie d’un groupe qui s’appelait ABS qui était à Cergy et qui a eu du succès à l’époque. J’étais avec un collectif de 24 groupes de Rap à Paris qu’on appelait un possi. J’étais avec les rappeurs Fab, TNT (Tout simplement Noir) et Sleo. Ce sont des artistes et des groupes qui m’ont permis de parcourir de grosses scènes parisiennes et européennes avec d’autres artistes comme MC Solaar, La cliqua, Neg Marron, Princesse Erika, Timide, Too Leust, Ideal J et NTM. Et comme j’étais dans un groupe, je n’avais jamais lancé un projet en solo. Lorsque le groupe s’est séparé au début des années 2000, je me suis un peu mis en retrait pour me constituer un studio d’enregistrement dont je suis le responsable. J’ai mis en place aussi des ateliers d’écritures, d’expressions scéniques et des concerts. Et comme on dit : ‘’Fuir le naturel, il revient toujours au galop’’. Cette envie au lieu d’être derrière, d’accompagner et connaître tous les aspects des coulisses, j’ai pris la décision de m’épanouir réellement en revenant au devant de la scène.
‘’Je me suis un peu mis en retrait pour me constituer un studio d’enregistrement’’
-Tu reviens sur scène avec un single et non un album. Une simple stratégie ou vouloir faire comme les autres ?
Non, il n’y avait aucune stratégie. Je l’ai fait pour le feeling et selon mes aspirations. J’ai plus d’une quarantaine de chansons et je n’étais pas partie dans une démarche de sortir un album.
-Quel est ta particularité musicale dans deux singles que tu as sorti ?
Oh, j’ai d’abord ‘’Ici c’est Paris’’, une chanson dédiée à la capitale française et aussi dans la banlieue d’où je viens. Ensuite, dans la même continuité, j’ai sorti ‘’Ghetto Paname’’. Il faut dire que je suis un artiste avec diverses compétences. J’ai grandi musicalement avec trois cultures à savoir africaine, Afro-caribéenne et européenne. Dans mon groupe de Hip-Hop à l’époque, c’est moi qui ai apporté le côté Afro. Ce qui me permet d’avoir un panel assez large. Un artiste doit être libre et ne doit pas suivre les tendances.