Le Mali est désormais sous les feux des projecteurs. Grâce à la mise en service d’une unité d’exploitation du lithium de Goulamina ce 15 décembre 2024, le pays franchit un cap dans sa quête de développement. Une nouvelle ère s’annonce pour l’économie malienne.
Le Mali tient un gisement stratégique au cœur de la transition énergétique mondiale
Métal mou et argenté, le lithium est considéré comme le plus léger des éléments solides. Il est un composant essentiel dans la fabrication des piles électriques et batteries d’accumulateurs rechargeables ou à haute tension (71 %). Sa demande monte en puissance dans un contexte où le monde cherche à réduire sa dépendance envers les énergies fossiles.
Ainsi, la mise en service de cette unité à Bamako constitue un gisement stratégique au cœur de la transition énergétique mondiale. Le Mali appartient désormais au cercle restreint des producteurs de lithium, un minerai clé pour la transition énergétique. Avec une capacité de production de 52 millions de tonnes de minerai prouvées, cette mine offre une durée d’exploitation minimale estimée à 21 ans.
Lors de la première phase, la production annuelle de spodumène (le minerai contenant du lithium) atteindra 506 000 tonnes. Cette production pourra augmenter à 831 000 tonnes lors de la seconde phase. Enfin, une stabilisation devrait permettre de générer 726 000 tonnes. D’après les informations, près de 500 millions de dollars ont été investis dans ce projet.
Un partenariat sino-malien sous une nouvelle réglementation minière
Les autorités maliennes ont récemment adopté un nouveau code minier. Ce dernier exige une participation étatique comprise entre 20 % et 35 % dans toute exploitation minière. Cette situation a conduit à une restructuration des clauses du contrat de ce projet. Celui-ci était initialement un partenariat entre la société australienne Leo Lithium (alors actionnaire majoritaire) et Ganfeng. Face à cette exigence, Leo Lithium a cédé ses parts (40 %) à Ganfeng.
En mai dernier, Ganfeng a finalisé l’acquisition des parts de Leo Lithium pour un montant de 342,7 millions de dollars. Cette opération s’inscrit dans une stratégie plus large de la Chine visant à consolider sa présence dans les secteurs stratégiques. Ainsi, la structure chinoise Ganfeng devient le seul partenaire de l’État malien dans ce projet.
Des retombées économiques majeures pour l’État et les entreprises locales
La mise en service de cette unité de production de lithium constitue un levier pour le développement économique du Mali. Des retombées majeures sont attendues dans les caisses de l’État. Selon les estimations publiées en mai dernier, la mine pourrait rapporter entre 110 et 115 milliards de FCFA par an. De plus, 51 % des marchés de sous-traitance liés à la mine seront réservés à des entreprises maliennes. Cela devrait générer un chiffre d’affaires annuel estimé à 250 milliards de FCFA, un apport considérable qui devrait, sans nul doute, renforcer l’économie locale.
L’Afrique en route pour devenir le troisième fournisseur mondial de lithium
D’après les données de S&P Global Market Intelligence publiées en novembre, sept unités de production de lithium devront être mises en service d’ici 2027. Et ce, sur une vingtaine de projets de construction d’unités de production de lithium en cours de développement. Parmi les 7, cinq sont contrôlés par des entreprises majoritairement financées par des capitaux chinois, représentant environ 71 % des nouvelles capacités de production du continent.
Cette croissance de l’exploitation du lithium par la Chine devrait permettre à l’Afrique de devenir le troisième fournisseur mondial de lithium d’ici 2027. Ceci, derrière l’Australie et l’Amérique du Sud, mais devant l’Amérique du Nord et la Chine. Souvent surnommé « métal blanc », le lithium africain verra sa production multipliée par 24 entre 2022 et 2027. Celle-ci passera d’environ 11 600 tonnes d’équivalent carbonate de lithium (2 % de l’offre mondiale) à plus de 275 000 tonnes (12 % de l’offre mondiale), selon les analystes de S&P.