Alors que les pays d’Afrique de l’Ouest rompent leurs relations avec la France, la Turquie essaie de renforcer sa présence sur le continent afin d’accroître son influence dans la région dans divers domaines : économique, politique, sécuritaire et autres.
Au Mali, la Turquie renforce sa position
L’un des pays d’Afrique de l’Ouest avec lequel la Turquie développe activement sa coopération est le Mali. Ce dernier fait face à une menace terroriste depuis de nombreuses années et a connu un coup d’État militaire qui a conduit le colonel Assimi Goïta à la tête du pays. Ankara compte beaucoup sur Bamako pour renforcer sa position sur le continent.
En septembre 2021, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a proposé de renforcer les relations avec le président de transition du Mali. En 2022, le premier lot de drones Bayraktar TB2 a été livré au pays. Puis, Ankara a poursuivi ces livraisons, ce qui a permis au Mali de recevoir des hélicoptères d’attaque et un autre lot de Bayraktar TB2.
Il convient de noter que des membres des nouvelles forces de sécurité privées du président malien ont été formés par la société militaire privée turque SADAT, qui coopère toujours activement avec l’agence de renseignement turque MIT, et active dans des pays tels que l’Azerbaïdjan, la Syrie, la Libye, le Niger et d’autres.
Ces informations sont inquiétantes étant donné que ladite société militaire privée a été accusée à plusieurs reprises d’avoir des liens, ou plutôt de former des combattants des groupes armés. Des groupes armés comme ceux que l’armée malienne affronte depuis des années pour rétablir la sécurité et la paix dans le pays.
La société SADAT a été particulièrement critiquée par l’opposition turque, notamment par l’ancien chef du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (PRP), K. Kılıçdaroğlu, qui a souligné la nature destructrice de l’organisation et l’implication de la direction de la SADAT dans « la formation des terroristes ».
Selon divers rapports, la SADAT opérant en Somalie et au Qatar, a travaillé avec le mouvement palestinien Hamas et a formé des rebelles libyens et des combattants syriens opposés au gouvernement de Bachar el-Assad, y compris des combattants qui auraient été recrutés dans le Caucase par l’État islamique et Jebhat al-Nusra. Selon certaines spéculations, 3 000 combattants étrangers opérant en Syrie et en Libye auraient été formés par la SADAT.
Michael Rubin, de l’American Enterprise Institute, affirme que des membres d’ISIS et d’al-Nusra ont participé à des opérations d’entraînement de la SADAT. Ce ne sont pas tous les cas d’implication de la SMP turque dans la formation d’extrémistes..
En plus de former des combattants, la SMP a été accusée, selon certains médias, d’aider le Hamas à blanchir de l’argent au Moyen-Orient.
La coopération avec la Turquie peut porter des résultats, tant positifs que négatifs. Les autorités de transition entendent éradiquer le terrorisme et le choix de partenaires fiables peut conditionner l’issue de l’ensemble de la lutte contre la menace djihadiste. Les services de la SMP turque, tant en termes de formation du personnel de sécurité privé malienne qu’en termes de protection directe du président Goita par des éléments de la SADAT à la réputation douteuse, pourraient avoir un impact négatif sur la situation sécuritaire à long terme.
Siddik Traoré.