L’arrestation de l’opposant malien Seydina Touré, figure de proue du parti Alternative pour le Mali (APM), continue de susciter de vives réactions. Accusé d’« incitation aux troubles à l’ordre public », il sera bientôt jugé à Bamako. Cette affaire met en lumière les tensions politiques croissantes au Mali et les pressions exercées sur l’opposition.
Seydina Touré : un opposant au cœur de la tourmente
Seydina Touré, connu pour ses prises de position sans filtre sur les réseaux sociaux, n’a pas mâché ses mots pour critiquer le régime en place. Ses publications, dans lesquelles il qualifie les autorités de « juntes » et dénonce un « régime anarchique », ont attiré l’attention des autorités. Arrêté à Ségou puis transféré à Bamako, il est désormais sous mandat de dépôt.
« Ces déclarations, amplifiées par une mobilisation populaire après l’arrestation de deux imams, ont attiré l’attention des autorités », explique un proche de l’opposant.
Une opposition sous pression
Le cas de Seydina Touré s’inscrit dans un contexte plus large de répression de l’opposition au Mali. Son parti, l’APM, a déjà vu son président Mamadou Traoré emprisonné pendant cinq mois. « Ces arrestations successives témoignent d’un climat politique tendu. L’expression publique d’opinions divergentes devient de plus en plus risquée », souligne un observateur.
Une justice instrumentalisée ?
Le procès à venir de Seydina Touré soulève des questions sur l’indépendance de la justice malienne. Si les autorités justifient ces arrestations par le besoin de préserver l’ordre public, de nombreux observateurs dénoncent une instrumentalisation de la justice pour museler les opposants.
« Me Moctar Mariko, avocat des parties civiles et président de l’AMDH, estime que ces procès sont un moyen de faire taire les voix critiques », rappelle-t-on.
Un enjeu démocratique
Les organisations de la société civile s’inquiètent des conséquences de ces arrestations sur le climat démocratique au Mali. « Ces pratiques risquent d’aggraver la méfiance envers les institutions et de creuser les divisions politiques », alertent-elles.
Le procès de Seydina Touré sera donc suivi de près, tant au Mali qu’à l’international. Il s’agira d’un test pour l’état de droit et les libertés fondamentales dans un pays en proie à de multiples crises.