Le Bureau du vérificateur général (BVG) du Mali a publié un rapport accablant concernant la gestion de l’Agence de gestion du fonds d’accès universel (Agefau) entre 2020 et 2023. L’ancien Premier ministre Choguel Maïga est accusé d’avoir couvert des malversations ou d’en avoir directement bénéficié. Ce rapport survient dans un contexte politique tendu.
Mali : les irrégularités identifiées par le BVG
Le rapport du BVG, long de 113 pages, décrit des irrégularités majeures dans la gestion des fonds publics sous la tutelle de l’Agefau. Une irrégularité notable concerne un prêt de plus de 20 milliards de FCFA accordé au Trésor public en 2020. Bien que Choguel Maïga ne fût pas Premier ministre à cette époque, d’autres irrégularités survenues entre 2021 et 2023 l’impliquent directement.
Le vérificateur général a relevé des « dépenses indues au profit du personnel », incluant des abonnements téléphoniques non justifiés d’une valeur de 13 millions de FCFA. Par ailleurs, 92 millions de FCFA destinés à la télévision publique ORTM n’ont pas été reversés, et des équipements prévus pour des écoles manquent à l’appel, pour un montant de 15 millions de FCFA.
Choguel Maïga est personnellement cité pour avoir organisé deux déplacements en 2023, financés par des frais de mission et des « dépenses de souveraineté » non prévues, d’une valeur totale de 47 millions de FCFA. Selon le BVG, ces frais étaient « induits » et non conformes aux règles.
L’entourage de Choguel Maïga dément toute convocation devant la Cour suprême ce 2 janvier, qualifiant les accusations de « complot politique ». « Moi, j’ai une conscience claire », avait-il affirmé lors d’une réunion en décembre. Pourtant, les faits dénoncés par le BVG ont été transmis à la section des comptes de la Cour suprême, ce qui pourrait entraîner des poursuites judiciaires.
L’ancien Premier ministre du Mali, limogé en novembre 2024 après des tensions avec les militaires au pouvoir, est soupçonné d’entretenir des ambitions présidentielles. « Les militaires lui cherchent des poux dans la tête », commente un ancien ministre, soulignant les enjeux politiques sous-jacents à cette affaire.
Les autorités de transition mettent en avant leur priorité de lutter contre la corruption, une attente forte de la population malienne. Toutefois, le timing de ce rapport soulève des questions. Publié peu après le limogeage de Choguel Maïga, il repose sur une saisine opportunément reçue d’un citoyen. Pour les observateurs, il est difficile de ne pas y voir une dimension de règlement de comptes.