À l’occasion de la commémoration de la libération de Kidal, le Premier ministre Choguel Maïga a ouvertement critiqué le régime d’Assimi Goïta concernant la question des élections et le report de la fin de la Transition. Son discours s’est fait sans détour devant une forte mobilisation de partisans.
Mali : le Premier ministre Maïga dénonce une « Transition sans transparence »
Visiblement, le torchon brûle entre le Premier ministre Choguel Maïga et le Général d’armée Assimi Goïta, chef du régime militaire. C’est le moins que l’on puisse dire à l’analyse des propos tenus ce samedi par le Premier ministre.
Cette déclaration a suscité un silence de plomb dans la salle.
Mais ce n’est pas le seul grief que le leader du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) porte contre les autorités de la Transition. « Les Assises nationales de la Refondation ont recommandé de réduire le nombre de partis politiques, 200 partis pour une population de 22 millions. De 1991 à 2021, en 30 ans, il y a eu 200 partis politiques. Savez-vous qu’entre 2021 et 2022, après les Assises, 100 partis ont été créés ? Des récépissés ont été délivrés à 100 partis. Aujourd’hui, ce sont les responsables de certains de ces partis que vous voyez à la télévision menacer le M5 », a-t-il déploré.
Revenant sur la durée de la Transition, le Premier ministre rappelle que celle-ci a été « librement fixée à 24 mois à compter du 26 mars 2022, à la suite d’un décret signé par le Président de la Transition et le Premier ministre : Décret N°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022. La Transition est donc censée prendre fin le 26 mars 2024 ». « Mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du Gouvernement », a-t-il martelé.
Il affirme n’être informé de rien et de constater les décisions comme un citoyen lambda. « Le Premier ministre est réduit à se contenter des rumeurs de la presse ou à une interprétation hasardeuse des faits et gestes du Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation », a déploré Choguel Maïga.
De l’enfumage médiatique ?
À Bamako, les récriminations du Premier ministre Maïga sont perçues par certains comme de l’enfumage. La première question qui se pose est la suivante : pourquoi ne démissionne-t-il pas ? Au sein de l’opinion malienne, certains estiment que la meilleure manière pour Choguel Maïga de manifester son désaccord serait de démissionner. D’autres doutent même de la sincérité de ses propos et pensent qu’il joue un jeu politique propre à son mouvement M5.
D’un autre côté, des observateurs de la vie politique malienne envisagent un éventuel limogeage du Premier ministre. Selon eux, Choguel Maïga aurait peut-être eu vent de son prochain départ et ses dénonciations sans actions concrètes relèveraient d’une stratégie de diversion.
Au sein du M5, le silence de Choguel Maïga face au non-respect des engagements de la Transition crée des dissensions. Pendant ce temps, il appelle à la patience. « Nous avons ce qu’on appelle la patience stratégique », a-t-il lancé aux militants du M5.