L’Organisation des Nations unies (ONU) a exprimé sa vive inquiétude face aux actions des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui entravent la distribution de l’aide humanitaire au Darfour, une région déjà au bord de la famine. Les restrictions imposées par ces groupes armés exacerbent une crise humanitaire déjà dramatique, plongeant des millions de personnes dans une situation de vulnérabilité extrême. L’ONU dénonce les obstacles bureaucratiques et les restrictions imposées par les FSR, qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire dans un contexte de famine croissante.
L’ONU dénonce les entraves à l’aide humanitaire
Clémentine Nkweta-Salami, coordinatrice humanitaire de l’ONU au Soudan, a souligné que les « obstacles bureaucratiques » et les « restrictions continues » imposées par les FSR empêchent l’acheminement de l’aide essentielle vers ceux qui en ont un besoin urgent. Elle a exprimé sa frustration face à cette situation, déclarant qu’il était « inacceptable » que la communauté humanitaire ne puisse pas fournir d’aide alors que la situation s’aggrave de jour en jour.
Cette entrave aux efforts humanitaires survient alors que la population soudanaise, déjà fragilisée par des années de conflit et de sous-développement, est de plus en plus menacée par la famine. Le conflit, qui oppose les FSR à l’armée soudanaise depuis avril 2023, a permis aux paramilitaires de prendre le contrôle de la majeure partie du Darfour, une vaste région à l’ouest du pays où réside un quart des 50 millions d’habitants du Soudan.
Une crise humanitaire qui s’étend
Plusieurs zones du Soudan sont sévèrement frappées par la famine, notamment le Darfour-Nord, où trois des cinq secteurs touchés par la crise alimentaire se trouvent. Des experts des Nations unies prévoient que cette situation va s’aggraver et que d’ici mai 2025, cinq autres régions de cet État risquent également d’être gravement affectées par la famine. Cette évaluation est soutenue par des rapports du système de classification de la sécurité alimentaire (IPC), qui évalue régulièrement la situation de la sécurité alimentaire dans le pays.
Le phénomène ne se limite pas au Darfour. Dans le Sud du Soudan, certaines zones des monts Nouba ont également été déclarées en état de famine. Depuis le début de la guerre, les travailleurs humanitaires rapportent des obstacles considérables dans l’accomplissement de leur mission, allant des entraves bureaucratiques imposées par les autorités locales et les groupes armés, aux attaques et aux pillages de l’aide. Ces actes violents et délibérés mettent en péril la sécurité des équipes humanitaires.
Un appel à l’action urgent
Face à cette crise humanitaire majeure, l’ONU appelle à un accès humanitaire libre et sans entrave pour atteindre les populations dans le besoin. Il est impératif que les parties au conflit respectent le droit humanitaire international et protègent les civils, y compris les travailleurs humanitaires. La communauté internationale doit également intensifier son soutien pour venir en aide aux millions de personnes touchées par cette crise.
La guerre, qui dure depuis près de deux ans, a causé la mort de dizaines de milliers de personnes et déplacé plus de 12 millions d’autres, générant la plus grande crise de déplacement forcé au monde, selon l’ONU. Selon les projections de l’IPC, près de 24,6 millions de personnes, soit près de la moitié de la population soudanaise, seront confrontées à une « insécurité alimentaire aiguë » d’ici mai 2025.