Dans la vaste étendue de la réserve naturelle du N’Zi, au nord-est de Bouaké, en Côte d’Ivoire, l’éléphant Ahmed se déplace silencieusement, presque imperceptible malgré sa taille imposante et sa peau grise. C’est là, dans ce nouveau refuge, qu’il a trouvé un nouvel équilibre, loin des tumultes des villages et des villes où sa présence a semé le chaos.
Un encombrant voisin nommé Éléphant Ahmed
Pendant plusieurs mois, l’éléphant Ahmed a été au centre de nombreux récits en Côte d’Ivoire. Les habitants de la petite ville de Guitri se souviennent encore de lui comme d’une figure presque mystique. Les enfants jouaient avec lui, le nourrissaient, et l’appelaient affectueusement Ahmed. Mais derrière cette image pittoresque, se cachait un animal d’une extrême brutalité.
Loin d’être simplement un animal errant en quête de nourriture, Ahmed est devenu un symbole des tensions croissantes entre l’homme et la nature en Côte d’Ivoire. Son intrusion dans les plantations locales a déclenché une série d’incidents violents, mettant en danger à la fois sa propre vie et celle des habitants de la région, sans compter les nombreux dégâts matériels qu’il occasionnait par moment.
Des vidéos virales ont circulé sur les réseaux sociaux durant plusieurs mois, montrant l’éléphant Ahmed dans des moments de jeu innocent, mais aussi dans des accès de colère destructrice, écrasant tout sur son passage. Les agriculteurs ont tenté de le repousser, certains allant jusqu’à des actes de violence extrême pour protéger leurs terres et leurs cultures, moyens de subsistance.
Cependant, l’histoire d’Ahmed ne se résume pas à une simple confrontation entre l’homme et la nature. Elle met en lumière les conséquences désastreuses du développement non durable et de l’expansion humaine sur les habitats naturels des animaux sauvages. La déforestation, la conversion des terres en zones agricoles et l’urbanisation croissante ont réduit l’espace vital des éléphants et d’autres espèces, les poussant à entrer en contact direct avec les communautés humaines.
Des experts soulignent que les crises politiques récentes ont également exacerbé le problème, entraînant des mouvements de population et une perte de contrôle de l’État sur certaines zones forestières. La destruction de l’habitat naturel des éléphants et la perte de corridors de migration ont conduit à des rencontres de plus en plus fréquentes et parfois violentes entre les humains et les animaux sauvages.
Retour au calme après le transfert d’Ahmed dans la réserve du N’Zi

Face à cette situation, les autorités ont dû agir rapidement pour protéger à la fois la population locale et la faune sauvage. Le transfert de l’éléphant Ahmed vers la réserve du N’Zi représente un pas dans la bonne direction. Cela démontre une consciente politique, où plutôt que d’abattre les animaux en conflit avec les humains, des efforts sont déployés pour les déplacer vers des habitats plus appropriés, mieux protégés.
L’arrivée d’Ahmed l’éléphant au N’Zi River Lodge marque une étape importante dans la préservation de la faune et de la flore locales. Les autorités espèrent non seulement offrir un refuge sûr aux animaux sauvages, mais aussi recréer des zones de transhumance pour répondre à leurs besoins de migration naturelle.
Ahmed l’éléphant reste donc un symbole fort de la difficile cohabitation entre l’homme et les animaux sauvages près, et dans, des zones forestières de la Côte d’Ivoire. L’histoire de l’éléphant Ahmed rappelle l’importance de trouver un équilibre entre le développement humain et la préservation de l’environnement, afin de garantir un avenir durable pour toutes les espèces qui partagent notre planète.
Les villageois de la région du N’Zi, qui croisaient régulièrement le chemin de l’éléphant Ahmed, aimeraient avoir de ses nouvelles. Se porte-t-il bien ? S’adapte-t-il à son nouvel environnement ? Mais aussi, quel est le comportement des autres pachydermes vis-à-vis de lui ? C’est comme si, malgré les dégâts causés par l’animal, son absence dans la région commençait à peser sur les populations.
Vidéo de la capture de l’éléphant Ahmed
Qui est l’éléphant Ahmed ?
Il existe deux éléphants nommés Ahmed : l’un vivant dans le parc national de Marsabit, au Kenya, et l’autre en Côte d’Ivoire, désormais installé dans le parc national de la Marahoué. Ces deux animaux se distinguent pour des raisons différentes. L’éléphant Ahmed de Côte d’Ivoire est connu pour les nombreux dégâts qu’il a causés dans les plantations des villageois, tandis que celui du Kenya s’est fait remarquer par la longueur exceptionnelle de ses défenses.
L’éléphant Ahmed du Kenya vient de la savane. Il est né aux alentours de 1919 et a vécu jusqu’en 1974. Ahmed a bénéficié d’une protection spéciale décrétée en 1970 par le président kényan Jomo Kenyatta. Afin de le préserver des braconniers, une équipe de gardes (dont le nombre varie selon les sources entre 21 et 52) veillait constamment sur lui. Grâce à cette initiative, Ahmed a pu vivre jusqu’à une mort naturelle.
Malgré ses dimensions impressionnantes, ses défenses pesaient chacune environ 60 kilogrammes. Aujourd’hui, ses ossements et défenses sont conservés au musée national de Nairobi, où une réplique grandeur nature de l’éléphant Ahmed est également exposée à l’extérieur.