Comme le Togo, le Ghana, sous John Dramani Mahama, souhaite-t-il également devenir un « État ami » de l’Alliance des États du Sahel (AES) ? Les récentes actions du nouveau président en disent long sur cette nouvelle orientation diplomatique, qui semble marquer une rupture avec la méthode de l’ancien président Nana Akufo-Addo.
L’AES et le Ghana : vers une coopération renforcée sous la présidence Mahama
D’après des sources concordantes, les chefs d’État des trois pays membres de l’AES – Mali, Burkina Faso et Niger – ont tous été invités à l’investiture de John Dramani Mahama. Bien que seule la présence d’Ibrahim Traoré ait été confirmée en personne, sa participation a été particulièrement remarquée. Le président burkinabé en a profité pour s’offrir un bain de foule, renforçant ainsi l’image d’un rapprochement entre le Ghana et l’AES.
Quant à l’absence d’Assimi Goïta (Mali) et du général Abdourahamane Tiani (Niger), elle ne saurait être interprétée comme un signe de désaccord. La visite récente au Ghana du Premier ministre malien illustre au contraire l’écho favorable que trouve la main tendue par John Dramani Mahama auprès des membres de l’AES.
Lors de discussions entre les délégations malienne et ghanéenne, les deux pays ont exprimé leur volonté de renforcer leurs relations bilatérales. Ce rapprochement s’inscrit dans un contexte régional marqué par l’expansion de la menace djihadiste, qui menace l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
John Dramani Mahama a rappelé que la sécurité régionale devait être une priorité collective. « Notre sécurité est un objectif commun, et nous devons travailler ensemble pour garantir celle de notre sous-région. Si la maison de votre voisin est en feu, vous devez l’aider à l’éteindre, sinon il se propagera à la vôtre », a-t-il déclaré.
Cette déclaration reflète la volonté du Ghana de jouer un rôle actif dans la résolution des crises sécuritaires, notamment en collaborant avec des États qui ont adopté des approches non conventionnelles pour lutter contre les groupes armés.
Un repositionnement diplomatique
En tendant la main au Mali, au Burkina Faso et au Niger, John Dramani Mahama repositionne le rôle du Ghana dans la crise qui oppose ces États à la CEDEAO. Cette stratégie pourrait marquer une nouvelle ère pour Accra, qui cherche à renforcer son influence dans la sous-région.
Cette démarche est à la fois pragmatique et audacieuse, car elle pourrait rapprocher le Ghana des pays en rupture avec la CEDEAO. Toutefois, elle pourrait aussi susciter des tensions avec d’autres membres de la CEDEAO, encore très critiques vis-à-vis des régimes militaires au Sahel. Avec cette nouvelle dynamique diplomatique, le Ghana semble vouloir jouer un rôle d’équilibriste.