Le conflit entre Orano, géant français de l’industrie nucléaire, et les autorités nigériennes s’intensifie. Ce jour, l’entreprise a annoncé avoir perdu le « contrôle opérationnel » de sa filiale, la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR). Cette décision ravive les tensions qui opposent l’État nigérien et le groupe minier, principalement autour de la gestion de l’uranium, une ressource stratégique pour le Niger.
Bras de fer au Niger : le CNSP prend le contrôle de la SOMAÏR, selon Orano
Dans un communiqué consulté par Afrique sur 7, Orano affirme que les autorités nigériennes ont opté pour des mesures coercitives. « Orano constate la perte du contrôle opérationnel de la SOMAÏR au Niger », a déclaré la société. Le Niger n’a pas encore réagit face aux accusations.
L’entreprise rappelle qu’un dialogue avait été pourtant engagé et que des décisions avaient même été prises pour régler pacifiquement les différends au sein de la SOMAÏR. « En effet, les décisions prises lors des conseils d’administration de la société ne sont plus appliquées et, de fait Orano constate aujourd’hui que les autorités nigériennes en ont pris le contrôle opérationnel. Les dépenses de production qui se poursuivent sur le site dégradent chaque jour davantage la situation financière de la société », précise-t-elle.
Selon Orano, cette situation empêche l’application de la résolution adoptée par le Conseil d’Administration de la SOMAÏR le 12 novembre, qui visait à suspendre les dépenses liées aux activités de production afin de prioriser le paiement des salaires et de préserver l’intégrité des installations industrielles.
Par ailleurs, lors du Conseil d’Administration Ordinaire du 3 décembre 2024, les représentants de l’État nigérien ont réaffirmé, selon la société française, leur refus d’exporter la production. Orano avait proposé d’envoyer cette dernière en France ou en Namibie, mais n’a reçu aucune réponse des autorités militaires. Dans un document du 31 octobre, Niamey avait annoncé son intention d’acheter 210 tonnes d’uranium via la Sopamin pour permettre à la SOMAÏR de poursuivre ses activités. Cependant, cet achat est largement insuffisant face aux 1 050 tonnes de production bloquées, estimées à 300 millions d’euros, selon Orano.
Orano déplore cette impasse, qui impacte les salariés et les communautés locales. L’entreprise annonce qu’elle défendra ses droits et réaffirme l’importance d’un accord entre toutes les parties pour rétablir une activité stable et pérenne.
Avec la perte de son permis minier sur le gisement d’Imouraren, la SOMAÏR était jusqu’alors la seule filiale contrôlée majoritairement par Orano, qui détient 63,4 % des parts, contre 36,6 % pour l’État nigérien.