Le dossier « Frère Hounvi » comporte des risques de conflits entre le Bénin et le Togo. Très attendu ces derniers jours, le Togo a vigoureusement réagi pour expliquer le commentaire de Steve Amoussou, connu sous le pseudonyme de Frère Hounvi, s’est retrouvé au Bénin alors qu’il s’était exilé au Togo depuis plusieurs années. La justice togolaise est mécontente et compte tirer cette affaire au clair.
Crise diplomatique à l’horizon ? Le dossier Frère Hounvi enflamme les relations Bénin-Togo
Désormais aux mains de la justice béninoise et en attente de jugement pour « harcèlement par voie électronique, diffusion de fausses nouvelles et incitation directe à la rébellion », commente Steve Amoussou a-t-il été pris à Lomé ? Les autorités béninoises n’ont pour l’instant donné aucune explication à cette question qui suscite de nombreuses interrogations. En revanche, un communiqué du procureur togolais, Talaka Mawama, corrobore les affirmations de l’avocat de Steve Amoussou.
Tout comme Me Aboubakar Baparapé, le procureur parle d’enlèvement et dénonce une « violation flagrante du droit international ». Le Togo accuse le Bénin d’avoir enfreint les règles qui régissent la coopération pénale internationale.
Selon les informations disponibles jusqu’à présent, et en attendant la réaction des autorités béninoises, Steve Amoussou n’aurait pas été arrêté par des agents de police officiels, ce qui renforce la thèse de « l’enlèvement ou de la séquestration« , comme le mentionne le communiqué du magistrat Mawama. La justice togolaise indique avoir ouvert une enquête, car ces actes sont prévus et punis par le Code pénal.
Les premières enquêtes ont conduit à l’arrestation de deux suspects, dont une Béninoise. Dans son communiqué, le procureur a nommément cité d’autres personnes (béninoises), contre lesquelles des mandats d’arrêt ont été requis.
Le Togo et le Bénin entretenaient de bonnes relations de coopération…
Jusqu’à un passé un peu récent, le Bénin et le Togo donnaient l’exemple en matière de coopération pénale internationale. Les deux cas récents qui restent en mémoire sont l’arrestation de Alofa (affaire Dangnivo) et de Kikissagbé Godonou Bernard, alias « KGB ». En conflit avec la justice béninoise, ils avaient tous deux trouvé refuge au Togo.
Grâce à la collaboration entre les autorités policières et judiciaires des deux pays, ils avaient été arrêtés par la police togolaise puis remis aux autorités béninoises, conformément aux normes en vigueur.
Le Togo aurait souhaité que cette même démarche soit suivie dans le cas de Steve Amoussou, mais les choses se sont passées autrement, provoquant à l’heure actuelle des tensions.
Mais pourquoi le Bénin a-t-il procédé différemment ? Le communiqué très attendu du procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme devrait apporter une réponse à cette préoccupation. Ce que l’on sait, c’est que les relations entre les deux pays avaient déjà été affectées depuis l’incarcération de l’ancienne ministre béninoise Reckya Madougou. Sa proximité avec le président togolais Faure Gnassingbé est bien connu. Il aurait même soutenu sa candidature à l’élection présidentielle de 2021 au Bénin.
L’autre situation qui a probablement enfoncé le clou et détérioré davantage les relations entre Lomé et Cotonou est la crise nigérienne. Alors que le Togo s’est rapidement positionné en médiateur en faveur du régime militaire de Niamey, le Bénin a opté pour un respect strict des sanctions de la CEDEAO. Ce choix l’a mis en conflit avec les autorités nigérianes, qui ont décidé de boycotter le port de Cotonou au profit du port de Lomé.