La révélation par la Cour des comptes de Côte d’Ivoire, de l’absence de versement de l’argent des passeports ivoiriens par la société SNEDAI dans les caisses de l’État, reste un dossier non réglé. Le silence ou l’inaction de la justice ivoirienne sur ce dossier interroge.
Où en est-on avec l’affaire de l’argent des passeports de SNEDAI ?
En plein début de la CAN organisée par la Côte d’Ivoire, une affaire de non-versement par la société SNEDAI des recettes des passeports ivoiriens avait éclaté. La Cour des comptes de Côte d’Ivoire révélait qu’il n’existait aucune trace des recettes de ces documents administratifs. Cette grave affaire aurait dû mobiliser davantage l’attention du gouvernement et celle de la justice ivoirienne que non.
La société SNEDAI du Maire de Yopougon, M. Adama Bictogo, se défend en affirmant avoir régulièrement versé sur des comptes sequestres, hors de sa gestion directe, les parts de recettes revenant à l’État de Côte d’Ivoire. L’absence de réponse claire du gouvernement ivoirien au communiqué de SNEDAI fait planer le doute sur sa volonté de transparence dans cette affaire.
L’inaction apparente de la justice est également préoccupante. Dans un contexte où la justice devrait se saisir activement de tels dossiers afin de maintenir la confiance publique, son silence est considéré comme une complaisance vis-à-vis des élites économiques et politiques.
Cette attitude est d’autant plus critiquable que la justice de Côte d’Ivoire se distingue assez facilement sur les dossiers politiques. Elle ne montre pas la même retenue lorsqu’il s’agit de poursuivre des membres de l’opposition politique que lorsqu’elle doit s’intéresser à une affaire concernant des personnes en affaires. Cette attitude représente un deux poids deux mesures inacceptables dans l’application de la loi.
Si toutefois la justice n’est pas inactive, alors son absence de communication sur ces sujets cruciaux préoccupe. Du temps où il était aux commandes, le Procureur Adou Richard n’hésitait pas à organiser des conférences de presse pour évoquer les dossiers chauds, ce qui permettait aux citoyens de se faire une idée sur le niveau d’avancement des dossiers en traitement au sein de son cabinet. Son successeur M. Braman Oumar Koné aurait peut-être dû adopter la même méthode dans l’affaire de l’argent des passeports ivoiriens.
Le cas de l’argent des passeports n’est pas isolé. D’autres affaires, telles que les détournements présumés de plusieurs milliards de FCFA au Fonds d’Entretien Routier (FER), ont également marqué l’opinion par l’absence de communication judiciaire. Ces silences répétés renforcent l’impression d’une justice qui ne joue pas pleinement son rôle de gardien de l’intégrité des finances publiques et de la légalité.
Nous y reviendrons.