Le retrait annoncé des pays de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger) a été au cœur des débats lors du sommet extraordinaire de la CEDEAO. Dans son communiqué final, l’Organisation sous-régionale a exposé les lourdes conséquences liées à ce retrait.
CEDEAO : les implications du retrait du Mali, Burkina Faso et le Niger
En sommet extraordinaire ce samedi à Abuja, la CEDEAO est revenu sur le sujet brûlant de l’annonce de retrait des trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement note que ce retrait annoncé aura des « implications sur les plans politique, socioéconomique, financier et institutionnel pour les trois pays concernés et pour la CEDEAO en tant que groupe ».
Sur le plan politique et sécuritaire, la Conférence rappelle que « dans le cadre de la coopération régionale pour la lutte contre le terrorisme, contre l’extrémisme violent et la criminalité organisée, ces trois pays ont bénéficié d’une enveloppe de 100 millions de dollars des Etats Unis, mobilisés par l’UEMOA au titre du Plan d’action de la CEDEAO contre le terrorisme. Par ailleurs, d’autres montants ont été alloués à ces pays (7,5 millions de dollars) en vue de l’acquisition d’équipements destinés à les aider à lutter contre le terrorisme ».
Les implications politiques et sécuritaires
Sur les implications politiques et sécuritaires, la Conférence des Chefs de l’Etat indique que :
- le retrait aura des incidences sur la coopération en matière de sécurité,
d’échange de renseignements et de participation aux initiatives régionales de
lutte contre le terrorisme, notamment l’initiative d’Accra et les activités de la
Force multinationale mixte ; - le retrait pourrait également conduire à un isolement diplomatique et politique sur la scène internationale, où les pays avaient obtenu un soutien pour leurs candidats et leur candidature durant les compétitions à des postes internationaux au sein de l’Union africaine, des Nations unies et d’autres organismes similaires.
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la CEDEAO rappelle que « ces trois pays ont bénéficié d’une enveloppe de 100 millions de dollars des Etats Unis, mobilisés par l’UEMOA au titre du Plan d’action de la CEDEAO contre le terrorisme ». Elle précise également que d’autres montants ont été alloués à ces pays (7,5 millions de dollars) en vue de l’acquisition d’équipements destinés à les aider à lutter contre le terrorisme.
Implications socioéconomiques
Sur le plan socioéconomique, les populations des trois pays de l’AES pourraient payer le prix fort de ce retrait de la CEDEAO. En effet, le retrait de leurs différents pays « affectera automatiquement » leur statut « en matière d’immigration, puisqu’ils devront peut-être obtenir un visa pour voyager dans la région ». Les citoyens maliens, Burkinabè et Nigériens « pourraient ne plus bénéficier du droit de résidence ou de création d’entreprises prévu par les accords de la CEDEAO, et pourraient être soumis à diverses lois nationales ».
Avec leur retrait, les trois pays de l’AES cesseront d’utiliser le passeport, la carte d’identité nationale biométrique de la CEDEAO, et l’assurance automobile « carte brune de la CEDEAO » à l’échelle régionale.
Sur les 425 millions d’habitants de la région, les trois pays de l’AES représentent les 17,4 %, avec 10 % du PIB de la CEDEAO. Leur départ « entrainera une réduction de la taille du marché de la CEDEAO » et perturber le commerce intracommunautaire, « en particulier le commerce de produits non transformés tels que le bétail, le poisson, les plantes, les produits agricoles, les produits minéraux et les produits artisanaux traditionnels, ainsi que les produits industriels d’origine communautaire ».
Il est à noter que le Mali, le Burkina Faso et le Niger bénéficient de plusieurs projets et programmes régionaux au profit de leurs populations. Leur retrait pourrait avoir des conséquences négatives dans le déroulement desdits projets.
Implications financières
En ce qui concerne les implications financières, il y a une somme de 321.634.253 dollars US en jeu. Ce montant représente le coût total des projets de la BIRC dans les trois pays. Au total, 27 projets du secteur publics à raison de 9 pour le Burkina Faso, 8 pour le Mali et 10 pour le Niger et 20 projets du secteur privé (Burkina Faso : 5 ; Mali : 13 et Niger : 2).
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger représentent 22,5% du portefeuille total détenu par la Banque pour le compte des 15 pays membres de la CEDEAO. « Les trois pays ont contribué au capital de la Banque pour un montant total de 33.135.445,38 de dollars Etats Unis, réparti comme suit : Burkina Faso : 13 millions de dollars, Mali : 9,5 millions de dollars et Niger : 10,5 millions de dollars », précise le communiqué final de l’institution.
Sur un autre plan, le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger entrainera logiquement la fermeture de quatre agences régionales au Burkina Faso, de deux organismes régionaux au Mali et d’un bureau régional au Niger. La sécurité de l’emploi de quelque 130 membres du personnel de la CEDEAO, tous citoyens des trois pays, sera ainsi affectée.
Par ailleurs, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement rappelle à l’attention des trois pays que leur retrait ne sera effectif qu’à l’expiration du délai de préavis d’un an fixé par les textes de l’organisation.