La Guinée équatoriale se trouve à un tournant critique de son histoire économique. Selon un rapport alarmant de la Banque mondiale, publié le 4 mars 2025, le pays risque une récession prolongée. Sans réformes majeures, le revenu par habitant pourrait diminuer de plus de moitié d’ici 2050, une chute vertigineuse pour cette nation autrefois prospère.
Guinée équatoriale : déclin des revenus, avenir incertain
Le produit intérieur brut (PIB) par habitant a déjà chuté de plus de 60 % en quinze ans, passant de 14 223 dollars en 2008 à 5 506 dollars en 2023. Cette dégringolade s’explique en grande partie par la fin de l’essor économique lié aux hydrocarbures, qui ont longtemps été le pilier de l’économie équato-guinéenne. « Dans le scénario de base, qui suppose une baisse progressive des réserves d’hydrocarbures et l’absence de chocs futurs ou de réformes économiques majeures, la Guinée équatoriale devrait rester en récession, le revenu par habitant diminuant de plus de moitié d’ici 2050 », a déclaré la Banque mondiale.
La production pétrolière a chuté, passant de plus de 300 000 barils par jour en 2011 à environ 100 000 barils par jour en 2021. Cette baisse a accentué la vulnérabilité économique du pays, qui a connu six années de croissance négative depuis 2015. La pandémie de covid-19 a aggravé la situation, freinant les progrès en matière de prospérité partagée et de réduction de la pauvreté.
L’institution de Bretton Woods exhorte le gouvernement à prendre des mesures audacieuses. Elle recommande d’investir massivement dans le capital humain, d’améliorer le climat des affaires et de renforcer la gouvernance. Le pays se classe actuellement 145e sur 191 pays dans l’Indice de développement humain (IDH), un chiffre alarmant pour un pays à revenu intermédiaire supérieur.
Les investissements directs étrangers (IDE) ont également chuté de manière spectaculaire, passant de 1,3 milliard de dollars en 2022 à 142 millions en 2023. « La Guinée équatoriale a le potentiel de transformer son économie et d’améliorer la vie de ses citoyens. Cependant, cela nécessite des mesures politiques audacieuses pour jeter les bases d’une croissance renouvelée, diversifiée et plus inclusive », a souligné Aissatou Diallo, représentante résidente de la Banque mondiale pour la Guinée équatoriale.
Lire aussi : 54 Béninois rapatriés après un calvaire en Guinée Équatoriale
Diversification économique : une nécessité
Face à ce sombre tableau, la diversification économique apparaît comme une nécessité absolue. Le gouvernement a déjà entrepris des réformes dans les domaines de l’éducation et de la santé, avec des investissements dans les infrastructures scolaires, la formation des enseignants et la mise en place d’une plateforme numérique pour la gestion des données sanitaires.
Sur le plan économique, un guichet unique d’entreprise (VUE) a été créé pour faciliter les investissements étrangers. Des mesures ont été prises pour lutter contre la corruption et aligner la gestion publique sur les normes internationales.
Toutefois, ces efforts pourraient ne pas suffire à inverser la tendance. Selon les projections de la Banque mondiale, le PIB par habitant pourrait chuter à 2 379 dollars d’ici 2050. Le revenu national brut par habitant devrait également diminuer, entraînant un déclassement de la Guinée équatoriale, qui passerait d’un pays à revenu intermédiaire supérieur à un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure dès la fin de 2025.