Le gouvernement de Michel Barnier est tombé ce mercredi 4 décembre au soir, suite à l’adoption d’une motion de censure par une coalition inédite des oppositions. Fait marquant : c’est la première fois depuis 1962 qu’une motion de censure fait chuter un gouvernement en France.
Coup de théâtre à l’Assemblée : Michel Barnier évincé par les oppositions
Dès sa nomination, Michel Barnier, ancien commissaire européen et figure du centre-droit, faisait face à une équation politique complexe. Sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, son gouvernement était contraint de chercher des compromis pour chaque projet législatif. Une tâche particulièrement ardue dans un paysage politique fragmenté où les tensions entre les groupes parlementaires ne cessaient de croître.
L’absence de soutien clair, même parmi les députés de la majorité présidentielle, a rendu son action vulnérable face à une coalition des oppositions. Ce mercredi, le Rassemblement national (RN) et le Nouveau front populaire (NFP) ont uni leurs votes pour faire passer une motion de censure déposée à l’initiative des Insoumis pour faire plier l’équipe de Michel Barnier.
Une alliance contre-nature pour un objectif commun
L’alliance entre la gauche et l’extrême droite, bien que critiquée pour son caractère opportuniste, s’explique par une volonté partagée de sanctionner la politique d’Emmanuel Macron. Les oppositions reprochent à son gouvernement une gestion jugée autoritaire et une absence de réponses concrètes face aux crises sociales, économiques et écologiques qui secouent le pays.
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, se réjouit. « La censure inéluctable a eu lieu. Même avec un Michel Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans ». De son côté, Marine Le Pen, présidente du RN, a justifié ce vote historique. « Le choix que nous avons fait, c’est celui de protéger les Français. Michel Barnier n’a pas tenu ses promesses. Le budget présenté était toxique pour les Français et la seule solution digne pour ceux qui ont reçu mandat de les protéger, c’était de s’y opposer », a-t-elle indiqué.
Une situation sans précédent depuis 1962
Il faut remonter à octobre 1962, sous la présidence de Charles de Gaulle, pour trouver un précédent à ce renversement. À l’époque, le gouvernement de Georges Pompidou avait été censuré, ce qui avait conduit de Gaulle à dissoudre l’Assemblée et à convoquer de nouvelles élections législatives, remportées par son camp.
Cette fois-ci, Emmanuel Macron se trouve dans une position beaucoup plus délicate. Avec un paysage politique éclaté et une défiance croissante envers son leadership, l’issue d’élections anticipées, si elles sont convoquées, demeure incertaine.
Quelles conséquences pour la France ?
La censure du gouvernement Barnier ouvre une période de grande instabilité politique en France. Sans Premier ministre en fonction, Emmanuel Macron devra nommer un nouveau chef de gouvernement capable de rassembler une majorité, une tâche qui semble presque impossible dans le contexte actuel.
Les observateurs estiment que le président pourrait être contraint de dissoudre l’Assemblée nationale pour tenter de retrouver une légitimité politique. Cependant, un tel pari comporte des risques majeurs, notamment celui de renforcer davantage les extrêmes, qui sont en pleine progression dans les intentions de vote.
En attendant, cette crise politique paralyse l’action gouvernementale et exacerbe les tensions entre acteurs politiques. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir du gouvernement et, plus largement, pour celui de la Ve République.