L’exploitation sexuelle commerciale des mineurs prend une ampleur inquiétante au Mali. Ce phénomène, touchant principalement les jeunes filles de 14 à 17 ans, les expose à des abus, des violences et des maladies graves. Il les prive également de leur droit fondamental à l’éducation et à une enfance protégée. Des témoignages poignants de victimes et de personnes-ressources révèlent l’existence de réseaux organisés, sans scrupules, motivés uniquement par le gain facile.
Un phénomène en pleine expansion
L’exploitation sexuelle des mineurs, bien que formellement interdite par la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies et les lois nationales, se développe à un rythme alarmant au Mali. Des réseaux organisés opèrent dans l’ombre, faisant chaque jour de nouvelles victimes à Bamako et dans les capitales régionales.
Certaines jeunes filles sont forcées d’intégrer ces réseaux, comme en témoigne « Princesse », une adolescente nigériane de 17 ans : « Je suis là depuis une année. Je suis arrivée au Mali en pensant travailler dans un salon de coiffure nigériane. Mais, à mon arrivée, on m’a enfermée dans un bar à Bougouni appelé « Ntétaso » et forcée à me prostituer ».
D’autres s’y engagent volontairement, poussées par des difficultés économiques et la quête du gain facile. Mamoutou Dogoni, vigile à Kati, raconte : « Nous avons rencontré un groupe de prostituées. Elles étaient toutes mineures. Leur âge variait entre 15 à 17 ans environ. Elles se bagarraient au bord de la route. C’était des Nigérianes et des Maliennes. La cause de leur dispute était totalement désespérante. Il s’agissait du partage des clients ».
Ce type d’exploitation a des conséquences désastreuses sur la santé physique, mentale et émotionnelle des enfants. Ils sont exposés à des violences physiques et psychologiques sévères, ainsi qu’à des risques élevés de maladies sexuellement transmissibles. De plus, ils sont privés de leur droit à l’éducation et à une enfance protégée, ce qui compromet gravement leur avenir.
Lire aussi : N’Golo Kanté marié au Mali ? Un proche du joueur brise le silence
Des facteurs multiples
Plusieurs facteurs expliquent l’expansion de ce fléau. La pauvreté, le manque d’application des lois et de protection des enfants sont souvent cités. Seydou Traoré, sociologue, souligne : « L’Etat doit renforcer son action sur ce terrain en collaboration avec les organisations de lutte contre l’exploitation des enfants ». Il insiste sur la nécessité de faciliter l’accès à l’éducation, d’encourager les formations professionnelles, de mener des campagnes de sensibilisation, d’accompagner les familles vulnérables et de poursuivre en justice les responsables de ces réseaux.
L’exploitation sexuelle des mineurs est une réalité alarmante qui exige une réponse urgente et coordonnée du gouvernement et de ses partenaires. Il est impératif de renforcer les mesures de protection des enfants, de lutter contre la pauvreté et de garantir l’application effective des lois.