Abidjan, ville chic où les destins s’entremêlent, m’a permis de rencontrer Emmanuelle Keita, dit EK, la patronne de la mode à la télé ivoirienne. Cette femme des télé-films devenue businesswoman puis animatrice de l’émission « MOOD´E BY EK » sur NCI ne laisse personne indifférent.
Emmanuelle Keita (EK) à cœur ouvert
Abidjan est chic et pourtant je dois déjà commencer à faire mes valises pour le retour en France. Non pas sans avoir atteint un de mes derniers objectifs, une interview d’Emmanuelle Keita (EK) que j’ai longtemps observée de loin et qu’il me tarde de connaître. Cette dame a attiré mon regard par sa facilité à briller dans tout ce qu’elle entreprend.
Mon réseau abidjanais est performant les amis… rire. Au bout de quelques échanges de coups de fil, le numéro personnel d’EK arrive sur mon téléphone avec son autorisation. Je lui lance un SMS pour jauger sa disponibilité afin de planifier un déjeuner ou un dîner lors duquel on ne parlerait que d’elle.
EK est une femme très occupée et son agenda décliné va me le confirmer dès nos premiers échanges. Plutôt que reporter notre entrevue, je fais le forcing pour l’avoir une heure le temps de balayer son actualité. Ça commence timidement avec quelques impaires, mais tout se passe finalement très bien. On parvient à fluidifier notre échange grâce à une belle dose de compréhension dont elle fait preuve.
Je lui fais confirmer le début de sa vie publique par ses rôles tenus dans les télé-films « Classe A » et « Dr Boris » dès 2005. Ça ne nous rajeunit pas tout ça, même si l’apparence physique d’EK dit tout le contraire. Emmanuelle Keita a aussi joué dans le « Gohou Show », autant d’apparitions sur le petit écran qui jalonnent son parcours d’actrice.
J’estime qu’elle a bien tourné, ce à quoi elle répond «… Ouais, pas mal. J’ai fait des séries à succès pour le coup. Il faut dire qu’à l’époque il n’y avait pas beaucoup de séries comme cela avec de jeunes visages.»
Quand EK se dévoue à sa petite famille
Sauf qu’en plein succès, Emmanuelle Keita a coupé brutalement avec ce métier dans lequel les Ivoiriens l’ont découverte pour se consacrer exclusivement à sa vie de famille. À ce propos, elle déclare « J’ai arrêté d’être actrice. Je ne répondais plus à aucune offre de partenariat au point d’être complètement oubliée. C’était un choix ! Il y a des gens qui se font oublier parce qu’ils n’ont plus de talent, parce qu’ils n’ont plus la côte et puis il y a moi qui ai décidé de me faire oublier… », en accord avec son époux de l’époque.
Elle revient quelques années après sur les réseaux sociaux comme businesswoman.
« Parce que », dit-elle « là, je lance mon commerce en ligne, où je vends pas mal de produits. J’ai une marque de thé, j’ai une marque de capillaire. Et donc quand je reviens sur la scène, c’est plus en tant qu’ex-actrice, ex-femme de footballeur reconvertie en businesswoman.»
Pourquoi cette transition par les réseaux sociaux pour finir à la télévision où elle anime l’émission à succès « MOOD´E BY EK » sur NCI ? Sa réponse : « C’est un bon timing. Je ne sais pas si à l’époque ce que je touche en tant qu’animatrice à NCI aurait été possible… La période où j’ai commencé comme businesswoman, c’était une période où il me fallait faire de l’argent. Je suis mère de 4 enfants que j’élève seule. »
Et moi de lui sortir que cela ne se voyait par qu’elle a été 4 fois mère, même si des compliments de ce type, EK en a surement des contenaires de 21 pieds derrière sa maison. On en rigole avec son « merci » avant de la laisser poursuivre pour expliquer qu’elle n’avait d’autres choix que de se lancer dans « quelque chose qui pouvait faire gagner de l’argent assez rapidement ».
Emmanuelle Keita ne pouvait en ce moment-là pas se lancer comme « animatrice TV » même si c’est un métier qui est «très beau à voir. Mais est-ce qu’à l’époque ça brassait autant que ça brasse aujourd’hui ? »
Pour permettre à EK de maintenir son train de vie, avec les ivoiriens qui scrutent ses moindres faits et gestes, elle était littéralement obligée de faire de la moula avant de se lancer dans un métier par passion et je la comprends.
Si EK gagne bien sa vie aujourd’hui à NCI, c’est avant tout parce qu’elle est arrivée sur la chaîne avec sa propre audience. Cela lui a permis de négocier un meilleur contrat au contraire d’un animateur qui sortirait de l’inconnu.
« Exactement, c’est pour ça que tout à l’heure je te disais que c’était un bon timing » de commencer par les réseaux sociaux avant d’arriver à « MOOD´E BY EK ». « Quand tu veux être crédible, il faut d’abord bâtir ton background. Il faut bâtir ton histoire et quand tu as une histoire qui te suit, quand on te propose de travailler pour une chaîne d’envergure comme la NCI, on t’embauche et ta personne, et ton background, et tout ce que tu veux.»
EK a tout compris. Avec ses followers, elle apporte à cette chaîne une plus-value et toutes les parties y gagnent.
MOOD´E BY EK
Réponse prévisible à une question plutôt sans mystère que j’ose : Pourquoi une émission de mode ?
« Il faut dire que naturellement je suis quelqu’un qui aime s’habiller. On le voit bien. Je m’habille selon mon feeling, je m’habille selon mon mood, je suis quelqu’un qui fait un peu ce qu’elle veut en fait. On m’attend toujours là où je ne suis pas. Il y a des moments où je me lève comme ça et tout le monde se dit, elle va me sortir une dernière tenue, elle va me péter le score et puis là j’ai envie d’un truc tout simple. La mode c’est moi. » Et c’est tout EK. Elle ne plaisante pas avec ses certitudes… rire.
La jeune dame sait créer et imposer le tempo et c’est un caractère qui lui est connu. « Donc du coup, quand je dois créer une émission de télé, j’écris une émission sur la mode ».
Comment se fait la connexion entre les deux parties pour le lancement de l’émission ? « Alors, c’est la chaîne qui m’approche et c’est la chaîne qui me propose en fait de co-produire une émission. » EK fait la précision malgré la mention « productrice » contenue dans son contrat.
J’ai regardé quelques émissions d’EK et je l’ai trouvé incisive envers les invités ou les personnes dont elle parle. Pour moi, elle y va parfois trop fort sur le style de certaines personnes. Ne redoute-t-elle pas des retours houleux ?
Emmanuelle Keita assume son « petit ton un peu sarcastique »
Elle s’explique en disant « En fait, je ne sais pas trop. Tout ce que je sais, c’est que je fais une émission de mode. Et il y a un petit ton un peu sarcastique, je te l’avoue. C’est vrai que je tire souvent à balle réelle, mais ce n’est rien de méchant, ce n’est rien de personnel. C’est juste des petites critiques constructives ».
Ma question : à la place de vos invités, accepteriez-vous ce genre de commentaires que vous faites ?
« Alors je suis la meilleure personne en Côte d’Ivoire à savoir comment réagir face aux critiques. Parce que moi, en plus de réagir aux critiques, je dois réagir aux tentations, aux harcèlements, et j’en passe. »
Quelles formes de harcèlement ?
« Moi je suis victime de harcèlement sur le web du 1er janvier au 31 décembre, pendant des années. 7 jours sur 7, 24h sur 24. Avec moi, les gens travaillent toute l’année. Donc je suis victime de harcèlement, je suis critiquée pour tout et pour rien, que ce soit mes tenues, mes cheveux, si j’ai un ongle qui a pété. Et en général, je réagis plutôt cool. Je ne réagis pas du tout. Donc ça va. C’est-à-dire, en fait, je suis capable d’être assez fair-play. Oui, tout à fait. Je ne suis pas fair-play sur la diffamation en revanche. Mais je suis quand même assez fair-play, en tout cas sur les critiques. »
Sur la forme des critiques, elle répond :
« En général, elles ne sont pas très constructives, elles sont plus faites pour me blesser, mais ça ne m’atteint pas. Alors que moi, en revanche, quand je fais des critiques, c’est plus constructif. C’est vrai qu’il y a ce petit ton sarcastique, mais croyez-moi, ce n’est pas du tout personnel.
La plupart des gens de qui je parle dans mon émission, je les apprécie en réalité. Il y en a d’autres que je ne connais pas forcément, ça m’arrive de parler de certaines personnes que je ne connais pas, et quand je ne connais pas, je fais attention […] Parce que ce qu’il faut savoir, c’est que je ne sélectionne pas toutes les personnes de qui je parle.
Ce n’est pas vous qui faites les choix des personnes qui vont forcément passer… ?
« Voilà, c’est toute une équipe en fait, j’ai toute une équipe. »
Emmanuelle Keita poursuit : « C’est toute une équipe derrière. Mon équipe sait que je ne connais pas toute la Côte d’Ivoire. Je ne connais pas toutes les personnalités publiques. Je ne connais pas vraiment les gens dans le fond. »
EK et les réactions houleuses
Je vais apprendre lors de cette interview qu’EK ne suit pas les réactions des personnes qu’elle critique dans son émission. Elle n’entend parler de leurs réactions éventuelles que lors du debriefing avec ses équipes. C’est en ce moment qu’elle sait qu’un tel ou un autre a fait un live pour répondre à ses critiques, des contenus qu’elle ne lit même pas par manque de temps.
Vous ne regardez même pas les lives qui vous concernent ?
« Non, mais je ne peux pas. Je n’ai pas le temps pour ça Gary », me répond-elle tout net avant d’ajouter : « Je fais ce que j’ai à faire en fait. Si une personnalité publique se sent offusquée, elle le dira. Jusque-là, ça va, je n’ai pas de personnalité publique digne de ce nom offusquée une fois par mes paroles. Non ! Ça va, les gens le prennent relativement bien. »
Emmanuelle Keita, avez-vous composé votre équipe ou vos collaborateurs sont imposées par la chaîne ?
« On va dire que je les ai validés. Je n’ai pas choisi. Ils sont choisis par les big boss, qui ont eu l’humilité de demander mon avis », une démarche importante de la chaîne qui a visiblement bien cerné le personnage d’EK. Ils savent qu’on ne lui impose pas beaucoup de choses.
EK, vous vous êtes absentée de la Côte d’Ivoire pour plusieurs années. Quelles sont les personnes qui composent votre entourage ? Avez-vous de vrais amis ?
« Autour de moi, il n’y a pas de faux amis. Je suis venu retrouver mon meilleur ami AL qui est avec moi depuis plus de 17 ans. J’ai retrouvé ma mère que je connais depuis toujours, tout comme mes sœurs. Je n’ai jamais été aussi bien entourée qu’à Abidjan. Ici, on n’entendra pas de « lui a dit…» ».
Entre votre vie de France et celle de Côte d’Ivoire, laquelle préférez-vous ?
« J’aime les deux ! J’ai besoin de ma vie quotidienne de France et j’ai besoin de ma vie de Côte d’Ivoire où je cours, qui est très speed. En France, ma vie est assez tranquille : enfants, la cuisine, petits restaurants, sans plus… »
Mode africaine : Ek aime GMS Afrique et la styliste Olivia Perez.
Pour vos émissions, vous faites-vous habiller par différents créateurs, comment ça se passe ?
« Dès que j’ai une idée de mon émission, vu que j’ai moi-même une boutique de vêtements de luxe, en général je pioche dans mon propre store ou mes propres vêtements que j’achète un peu partout en Europe ou en Côte d’Ivoire. Je suis très rarement habillée par des stylistes.»
Avez-vous des stylistes africains dont vous appréciez les créations ?
« J’aime beaucoup GMS Afrique et j’aime beaucoup Olivia Perez. J’adore Olivia Perez, c’est complètement ma came en fait. J’adore comment elle joue avec les couleurs, les matériaux, les formes. Elle s’éclate dans ce qu’elle fait. Elle est excellente…»
L’idée de l’interview avec Emmanuelle Keita m’est venue après avoir été informée de la prochaine ouverture d’une école de bienséance à Abidjan. Elle me le confirme.
« C’est en septembre 2023 qu’on devait ouvrir, mais c’est finalement prévu pour la rentrée de janvier parce qu’on a un mode de fonctionnement très british. Il y a eu pas mal de paperasses à faire pour cette académie que je voulais reconnue et aux normes. J’ai eu des professeurs, dont trois professionnels et deux qui avaient besoin de formations complémentaires. »
L’idée lui est venue parce qu’elle voit à Abidjan des « personnes qui ont les moyens et qui aiment bien s’habiller, mais qui ne connaissent pas les codes. Dans mon institut, on va faire un audit du sujet avant de lui appliquer une prestation sur mesure. Cette formation va porter sur la façon de se tenir, comment parler, le savoir vivre, comment gérer son lifestyle (mode de vie, ndlr)…»
Repassez fin 2024 pour un cours à l’institut d’EK
La cible de l’institut d’EK est bien entendu tout le monde à une exception près. « Il faut juste savoir lire et écrire et c’est bon pour nous. » Pour l’année « 2023-2024, l’institut affiche déjà complet. Le carnet de réservation est plein », ce qui n’était pas très difficile au regard de la notoriété de sa fondatrice.
Elle devrait communiquer sur l’ouverture de l’institut les semaines à venir, même si aucun nouveau client ne sera accepté à cause des réservations déjà nombreuses enregistrées par ses équipes.
Côté business, tout va donc assez bien pour EK que j’interroge sur ses habitudes alimentaires. Et vous savez quoi, elle aime manger « le chawarma ».
Vivre à Abidjan pour manger des chawarmas ? Il faut être Emmanuelle Keita pour dérouter autant son monde. Mais attention, EK adore également le foutou, l’alloco, la sauce d’escargots bien qu’elle insiste sur « le chawarma » qu’elle mange le plus souvent.
Emmanuelle Keita ne sort pas beaucoup dans la capitale ivoirienne. Elle n’a fait que deux sorties en boite de nuit jusqu’à maintenant. « Je suis plus restaurant », me dit-elle avant de justifier « au restaurant, j’arrive à parler et à entendre. Chacune de mes sorties est précieuse donc lorsque je sors, j’essaie de faire du relationnel…»
Le cœur d’EK est pris…
Emmanuelle Keita est souvent payée pour assister à des évènements bien qu’elle participe gracieusement à des cérémonies à but non lucratif. Elle est d’ailleurs donatrice dans certains cas, comme l’évènement organisé par Frédérique pour lutter contre le cancer du sein.
Le dernier amour d’EK est connu de ses followers : « le père de mon dernier enfant ». L’animatrice de « MOOD´E BY EK » est une femme heureuse qui adore sa vie. Même si elle porte fièrement le statut de célibataire, son cœur n’est plus à prendre. « Je fréquente une personne depuis un moment et je pense que je pourrais en tomber amoureuse », confirme-t-elle.
À travers cette interview d’Emmanuelle Keita, une femme aux multiples facettes, de l’actrice à la businesswoman, en passant par l’animatrice, afrique-sur7.ci espère vous avoir permis de découvrir et comprendre la personne derrière ce nom, ses choix, ses défis, et ses aspirations pour l’avenir.