En décembre 2023, le président béninois Patrice Talon a tenu à clarifier le débat concernant sa succession. Il a demandé à sa mouvance de rester concentrée sur l’exécution des missions de son mandat en cours. Pour le moment n’est pas encore arrivé pour lancer les tractations de sa succession en 2026. Des événements récents, tels que la démission d’Oswald Homeky, ancien ministre des Sports, et le limogeage de Samou Seïdou Adambi, ministre des Mines, montrent clairement que le chef de l’État ne tolère aucune déviation de sa ligne directrice.
Succession de Patrice Talon en 2026 : un sujet tabou au sein de la mouvance présidentielle
La démission d’Oswald Homeky en Octobre 2023 est intervenue après sa déclaration implicite en faveur d’une éventuelle candidature d’Olivier Boko, homme d’affaires proche du président Talon. Une initiative qui a été perçue comme une entorse aux règles fixées par le chef de l’État. Quant à Samou Seïdou Adambi, il a été limogé le 6 janvier 2025, après sa suspension des organes du parti Bloc Républicain (BR). Il a été épinglé pour des « actes individuels contraires aux normes du parti Bloc Républicain (BR) ».
Selon des sources proches de la mouvance présidentielle, ces actes incriminés incluraient des tentatives de ses proches de promouvoir sa candidature pour la présidentielle de 2026. Le président Patrice Talon, déterminé à maintenir l’unité et la discipline au sein de sa mouvance, aurait jugé ces comportements inacceptables et les aurait sanctionnés fermement.
Un message clair sur la succession
Lors d’une déclaration en décembre 2023, Patrice Talon a insisté sur l’importance de ne pas mener des débats et poser des actes prématurés le sujet de sa succession. Il a expliqué que les discussions internes au sein des partis politiques pourraient commencer un an avant les élections, mais que la compétition ouverte ne devrait se déclencher que six mois avant le scrutin. « Ce sont les partis politiques qui décideront et lanceront la compétition. Aucun candidat ne pourra émerger sans leur soutien. Leurs élus accorderont les parrainages, conformément à ce que prévoit le Code électoral. Cela garantit l’ordre, la discipline et la stabilité », avait-il précisé.
Le chef de l’État a également déploré les comportements de certains de ses proches, qu’il accuse d’aller à l’encontre des principes de la réforme du système partisan, pourtant au cœur de ses réalisations. Il a dénoncé les initiatives individuelles visant à promouvoir des candidatures sans concertation avec les structures partisanes, rappelant que cette approche affaiblit les partis politiques.
Parlant du cas de l’ancien ministre Oswald Homeky, Patrice Talon s’était interrogé : « Comment on peut voir quelqu’un qui a été au cœur de la réforme, notamment le ministre auquel vous faites allusion, ignorer son parti politique, cette réforme, ignorer cette bonne disposition qui, aujourd’hui, gouverne notre pays en matière politique, et commencer à faire la promotion de son candidat à lui, celui qu’il estime peut-être le meilleur pour lui en 2026 au mépris de tout ce que nous sommes en train de bâtir ensemble ? ».
Des répercussions sur les soutiens potentiels
La fermeté de Patrice Talon a dissuadé plusieurs personnalités de sa mouvance de laisser leurs partisans mener des campagnes prématurées. Certaines figures présidentiables ont même pris des mesures drastiques pour éviter d’être associées à des mouvements non autorisés. Par exemple, un jeune étudiant a été condamné à une amende d’un million de francs CFA par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour avoir partagé des affiches suscitant la candidature du ministre Romuald Wadagni.
Une bombe à retardement ?
Si pour l’instant Patrice Talon parvient à maintenir une main ferme sur sa mouvance, certains observateurs s’interrogent sur la viabilité de cette stratégie à moyen terme. Le climat de tension et la peur de sanctions pourraient pousser certains fidèles à défier le camp présidentiel. Une telle situation pourrait créer des fissures dans la majorité, affaiblir la mouvance et offrir une opportunité à l’opposition de se renforcer en vue des élections de 2026. Cependant, Patrice Talon semble déterminé à imposer l’ordre et la discipline jusqu’à la fin de son mandat