La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, est confrontée à une crise sans précédent. La hausse vertigineuse des prix au port, alimentée par la spéculation et une pénurie artificielle, pousse les exportateurs à réduire drastiquement leurs achats. Les producteurs, quant à eux, voient leurs revenus compromis par un système de commercialisation opaque et des pratiques illégales.
Le marché du cacao sous tension en Côte d’Ivoire
Le marché ivoirien du cacao est actuellement secoué par de fortes tensions. Les exportateurs, dont les géants Barry Callebaut et Olam, se retrouvent dans une situation délicate. Face à une demande croissante et une offre limitée, ils sont contraints d’accepter des prix exorbitants imposés par les fournisseurs.
« Nous avons du nous résoudre à ralentir fortement nos achats de cacao en brousse depuis la mi-décembre à cause de l’inflation des prix aux ports », déplore un responsable de Barry Callebaut.
Au cœur de cette crise en Côte d’Ivoire , la spéculation joue un rôle central. Certains exportateurs, en stockant le cacao au-delà des délais autorisés, créent une pénurie artificielle qui leur permet de négocier des prix plus élevés.
« C’est interdit mais on va faire comment ? C’est le seul moyen de gagner plus d’argent avec les exportateurs quand le marché mondial est en hausse et quand il n’y a pas assez de cacao pour tout le monde », confie un acheteur libanais.
Si les exportateurs et les grands négociants sont confrontés à de nombreuses difficultés, ce sont les petits producteurs qui en pâtissent le plus. Leurs revenus sont directement impactés par les fluctuations du marché et les pratiques illégales de certains acteurs.
« Le barème du CCC ne nous donne pas beaucoup d’argent or nous dépensons beaucoup sur la route et dans les villages pour sortir le cacao et le livrer au port », explique un autre acheteur.
Face à cette situation alarmante, les acteurs de la filière cacao en Côte d’Ivoire appellent le régulateur, le Conseil du Café-Cacao (CCC), à intervenir. Il est urgent de mettre fin aux pratiques illégales, de renforcer les contrôles et de garantir une répartition équitable des revenus.
« Le régulateur doit jouer son rôle et agir pour mettre fin à ça en sanctionnant les traitants, en renforçant les contrôles de stocks en brousse et en mettant fin à la spéculation sur les contrats de vente », demande un exportateur.