La CEDEAO semble avoir changé de position sur le coup d’État survenu le 30 juillet au Niger. Elle avait refusé de reconnaître ce coup de force, mais par la force des choses, elle y arrive.
Niger : la CEDEAO changé de position sur le coup d’État
A l’analyse du communiqué final sorti de la 64e session ordinaire de la CEDEAO, il apparaît que Bola Tinubu et ses collègues change déjà de position sur le coup d’État survenu au Niger. La CEDEAO veut désormais échanger avec la junte afin de convenir d’un calendrier pour une transition de courte durée.
Même si la CEDEAO ne le dit pas ouvertement, elle se rend déjà compte que le coup d’État est consommé. La preuve en est qu’elle milite maintenant pour une courte transition et pour la libération de Mohamed Bazoum.
L’exigence de la réinstallation de Bazoum au pouvoir n’est visiblement plus à l’ordre du jour. Actuellement, Bola Tinubu et Cie se contentent juste d’exiger la libération du président nigérien déchu.
Que dire alors de la menace de l’intervention militaire ? En dehors de quelques officielles de la CEDEAO qui continuent d’agiter ce ballon d’essai, l’institution elle-même ne l’a pas évoqué dans son dernier communiqué.
Les Chefs d’État de la CEDEAO ont compris qu’il faut suivre le conseil de l’ancien président béninois, Thomas Boni Yayi. L’ancien président de l’Union africaine (Ua) avait proposé à la CEDEAO d’acter le coup d’État. Cette stratégie devrait lui permettre d’aller un peu plus vite pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Mohamed Bazoum conduit dans l’illusion ?
Jusqu’à date, Mohamed Bazoum n’a pas rendu sa démission. Une position surprenante, lorsqu’on sait que dans les autres cas de coups d’État, les présidents déchus rendent très vite le tablier pour sortir des griffes des putschistes.
Mais la posture de Mohamed Bazoum est compréhensible. Il a eu très tôt des soutiens qui lui ont fait croire qu’ils pouvaient revenir au pouvoir. Et pourtant, Laurent Gbagbo l’avait prévenu. « Il ne faut pas mentir. On ment quand on laisse croire aux gens qu’on veut aller au Niger pour réinstaller Bazoum dans un fauteuil démocratique », avait-il dit.
Les tapages médiatiques animés par la France et la CEDEAO les jours d’après le coup d’État ont certainement conforté Mohamed Bazoum dans sa position. Il comptait logiquement sur ces « deux puissances » pour son rétablissement.
Près de 5 mois après, il peut déjà se rendre à l’évidence. La France et la CEDEAO n’ont pu rien faire pour lui. Le bras de fer engagé avec le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) n’a fait que radicaliser les putschistes.
bis repetitata…
Ces dernières années, la CEDEAO n’est jamais arrivée à faire plier une junte avec la force. Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Mamadi Doumbouya avaient déjà démontré la faiblesse de cette stratégie.
La CEDEAO n’a pas tiré leçon de l’affront de Goïta et compagnie. Elle a récidivé et comme on ne peut pas faire la même chose et espérer un résultat différent, le Niger a rallongé la liste des pays « rebelles » de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Une fois encore, les menaces et les sanctions n’ont pas fait mouche.