Si une activité clandestine et illégale a la peau dure et persiste dans notre pays en dépit des actions entreprises contre elle, au regard des dégâts inqualifiables qu’elle cause, c’est bien l’orpaillage clandestin.
Côte d’Ivoire : L’ Orpaillage clandestin a la peau dure…
Il ne se passe pas de jour sans que la presse ne fasse l’écho du démantèlement de sites d’orpaillage clandestin.
Pour mémoire, feu le président Henri Konan Bédié, alors président du Pdci-Rda, avait jeté un véritable pavé dans la mare en 2019, en attirant l’attention du gouvernement et des Ivoiriens sur le danger qui guette le pays, si un certain nombre de problèmes, dont l’orpaillage clandestin, n’était pas pris à bras le corps, et si des actions vigoureuses n’étaient pas entreprises pour les endiguer.
Les réactions aux déclarations de l’ex-président du Pdci-Rda, ne se firent pas attendre. Elles furent nombreuses et variées.
Très vite, le gouvernement et les pontifes du parti au pouvoir avaient embouché leur trompette favorite pour parler de xénophobie, « d’ivoirité », de haine des nordistes, etc. et surtout s’étaient adonnés à leur jeu favori…la victimisation !
Pourtant, le problème soulevé par le président Bédié méritait qu’on s’y arrête, qu’on en débatte, même si, suivant l’angle où on se place pour faire l’analyse, on pouvait avoir des convictions, des conceptions et des opinions différentes. Cependant, le fait était là, palpable et jouer le singe de la peinture qui ne voit rien, n’entend rien et ne parle de rien, est véritablement indécent !
Le phénomène de l’orpaillage clandestin est bel bien là et représente un danger permanent à plusieurs niveaux.
Présent dans le septentrion ivoirien depuis la division du pays suite à la tentative du coup d’état mué en rébellion en 2002, le phénomène s’est généralisé à tout le pays, à une vitesse vertigineuse depuis la fin de la crise électorale en 2011.
C’est un secret de polichinelle que de l’affirmer. Toutes les régions sont concernées. Les rives de certains de nos cours d’eau et de certains fleuves sont prises d’assaut, dénaturant durablement l’environnement. Les produits chimiques utilisés, détruisent la faune et la flore de ces cours d’eau et de ces fleuves, les sites deviennent impropres à l’agriculture.
Ces sites d’orpaillage, sont de véritables citadelles surveillées par des hommes armés où les populations ne peuvent s’y aventurer, ni se plaindre.
Quand les populations riveraines se plaignent, leurs plaintes ne dépassent guère les limites de leurs villages et au mieux de leurs sous-préfectures. Comme le disent les Ivoiriens, « ça ne va pas quelque part » !
Qui n’a pas en mémoire le gendarme tué par les orpailleurs dans un site dans la région de Korhogo ?
Que se sont devenus les meurtriers de ce gendarme en service ?
De quelles sanctions ont-ils écopé ?
Le 12 octobre 2022, c’est une véritable bataille qu’a livré la gendarmerie nationale à ces orpailleurs armés à Kokoumbo, où on dénombre des pertes en vies humaines. De nombreux gendarmes et des agents des eaux et forêts furent grièvement blessés. Alors des questions taraudent l’esprit de nombreux Ivoiriens :
– Qui se trouve derrière ces orpailleurs qui n’ont aucun agrément de l’Etat, et pourtant opèrent avec tant d’assurance dans un pays de droit ?
– Ces hommes armés qui gardent les citadelles ont-ils des permis de port d’armes ?
Présents dans toutes les régions de Côte d’Ivoire, ces hommes armés représentent un danger pour les populations. S’interroger sur le bienfondé de leur présence partout dans le pays, ou même dénoncer leur présence n’est nullement de la xénophobie.
Il revient au gouvernement d’éclairer notre lanterne et d’expliquer la présence de ces individus armés partout en Côte d’Ivoire.
On se souvient que face aux vénérables sénateurs, le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara avait déclaré :
« … nous avons fait des statistiques récemment et nous avons constaté que les populations étrangères, venant des pays limitrophes étaient les plus nombreuses à aller à l’orpaillage surtout clandestin en Côte d’Ivoire… » « Ayiwaaaaaa bassitè »!
Or, selon des chercheurs, spécialistes du terrorisme, l’orpaillage clandestin pourrait être un terreau fertile pour le financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest, alors…vigilance !
Le président Bédié avait donc eu raison trop tôt en tirant la sonnette d’alarme, et il y a lieu de le reconnaître sans faut fuyant !
Au-delà des réactions incompréhensibles suscitées par la déclaration de M. Bédié, il est temps que nous apprenions à surmonter nos émotions, et à mener sereinement les débats pour notre survie de demain.
Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.