La communauté libanaise, l’une des plus dynamiques en Côte d’Ivoire, a su se positionner dans les principaux secteurs économiques du pays. Représentant un poids économique considérable, elle est notamment bien implantée dans le commerce, l’industrie et l’immobilier.
Ce que pèse la communauté libanaise en Côte d’Ivoire
Estimée entre 80 000 et 200 000 personnes, la communauté libanaise contribue fortement à l’économie ivoirienne. En 2013, lors d’une visite en Côte d’Ivoire, le président libanais Michel Sleiman avait estimé que la diaspora libanaise générait à elle seule environ 730 millions de dollars (350 milliards de francs CFA), soit 15 % des recettes fiscales de l’État ivoirien.
Selon la Chambre de commerce et d’industrie libanaise en Côte d’Ivoire (CCILCI), cette communauté détient 40 % de l’économie ivoirienne, et emploie près de 300 000 personnes. Les Libanais dominent également des secteurs clés : 80 % du parc immobilier privé, 60 % du commerce, 90 % de la distribution de détail, et 60 % de l’industrie.
Un récent (octobre 2024) article de DW évalue leur contribution à environ 8 à 10 % du PIB national. Selon la diplomate Magida Karaki, chargée d’affaires à l’ambassade du Liban à Abidjan en 2022, les Libanais comptent 3 000 entreprises à leur actif. Ceux-ci exercent pour la plupart dans l’immobilier, l’industrie, la restauration, le transport, la santé et surtout, la grande distribution.
Les Libanais dans les divers secteurs d’activités en Côte d’Ivoire
La communauté libanaise est particulièrement influente dans le secteur du commerce et de la distribution en Côte d’Ivoire. Elle possède un réseau étendu de supermarchés, magasins, et entreprises de gros. Les Libanais approvisionnent une grande partie du marché local en biens de consommation. Ils ont contribué à structurer le secteur du commerce de détail, avec des enseignes bien implantées qui dominent le marché de la grande distribution.
Dans le secteur de industriel et de l’agroalimentaire, les entreprises libanaises jouent un rôle clé. Dans l’agroalimentaire, la transformation de produits agricoles, et l’import-export, les Libanais sont bien présents. Des marques et usines dirigées par des entrepreneurs libanais se sont établies dans la fabrication de matériaux de construction, le textile, et la production d’aliments de base.
La contribution économique des Libanais en Côte d’Ivoire est généralement perçue de manière positive. Cette contribution pèse et est incontestable, car elle contribue à l’emploi, au développement des infrastructures et à l’offre de produits variés. Cependant, cette influence suscite parfois des critiques sur la concentration de la richesse et le contrôle de secteurs stratégiques par une communauté étrangère.
Une intégration bien réussie et ancrée
Installés en Côte d’Ivoire depuis quatre générations, les Libanais ont réussi à s’intégrer. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs acquis la nationalité ivoirienne. En 2013, le président Alassane Ouattara estimait à 15 %, la part des Libanais détenteurs de la nationalité Ivoirienne. Pour Magida Karaki, qui se confiait à Abidjan.net, les ressortissants libanais constituent la « 61e ethnie de Côte d’Ivoire ». Une manière d’illustrer la parfaite intégration de ses compatriotes en Côte d’Ivoire, « terre d’hospitalité ».
Tout n’est pas rose, un sentiment « anti-Libanais » prend de l’ampleur
Ces dernières semaines, la communauté libanaise en Côte d’Ivoire est au centre d’une vive polémique. Des Ivoiriens expriment leur colère envers leurs « frères » libanais, et les accusent de communautarisme, de maltraitance, de corruption, de racisme, et bien plus encore.
Les critiques se sont amplifiées sur les réseaux sociaux après la publication d’un message d’un Libanais accusant les Ivoiriens de rejeter l’immigration vers leur pays, tout en émigrant eux-mêmes dans d’autres régions du monde.
Face à ces tensions, certaines personnalités influentes de la communauté libanaise ont pris la parole pour apaiser les esprits. Parmi elles, Hassan Hayek, qui a choisi de ne pas soutenir aveuglément ses compatriotes. Il a exhorté les membres de la communauté libanaise en Côte d’Ivoire à faire preuve de respect et de tolérance envers leur pays d’accueil, rappelant l’importance d’une cohabitation harmonieuse.