Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, franchit les uns après les autres les obstacles à son éligibilité. Après avoir réglé depuis hier l’exclusivité de sa nationalité ivoirienne, l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne semble être le dernier rempart de ses détracteurs. Mais que dit vraiment l’article 48 du code de la nationalité ?
Éligibilité de Tidjane Thiam : Plus aucun obstacle !
Selon l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne, tout Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité autre que celle de la Côte d’Ivoire ou reconnaît une telle nationalité perd la nationalité ivoirienne. C’est la notion de non-reconnaissance de la double nationalité par la Côte d’Ivoire, comme dans tant de pays dans le monde. Cependant, pendant un délai de quinze ans à compter de l’inscription sur les tableaux de recensement, cette perte est subordonnée à l’autorisation du gouvernement ivoirien, donnée par décret pris sur rapport du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, et après l’avis du ministre de la Santé publique et du ministre de la Défense nationale.
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Aucune démarche du genre n’ayant été engagé par aucun gouvernement en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam n’a jamais perdu sa nationalité ivoirienne. Et il est trop tard depuis hier pour la lui retirer puisqu’il est de nouveau exclusivement ivoirien, étant donné qu’aucun citoyen ne peut être apatride.
C’était donc le seul point considéré comme principal facteur bloquant pour Tidjane Thiam, un point jamais rendu concret par aucun décret gouvernemental. Aussi, la notion d’apatride, qui désigne une personne sans aucune nationalité, a été prise en compte dans le cas de Tidjane Thiam par la France avant sa libération de la nationalité française. Une vérification minutieuse des différents documents fournis par le président du PDCI-RDA, et l’enquête auprès de l’administration ivoirienne, a permis de démontrer qu’il n’a jamais cessé de bénéficier de la nationalité ivoirienne, ce qui a conduit à l’aboutissement de sa demande de libération de la nationalité française.
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Il n’a échappé à personne que le ministre Tidjane Thiam figure bien sur la liste électorale dévoilée le 17 mars dernier par la Commission Électorale Indépendante (CEI). C’est la preuve qu’il n’existe aucun décret de déchéance de nationalité le concernant. Il est tout aussi vrai que la publication du fichier électoral ouvre la voie aux contestations des droits de vote des citoyens par d’autres. Dans le cas de Thiam, l’argument qui aurait pu être utilisé était bien entendu sa double nationalité. Or, depuis hier, il est exclusivement ivoirien et parfaitement en droit de voter et de se porter candidat, comme tous les autres Ivoiriens.
Qu’est-ce qu’une nationalité ?
Une nationalité ne se limite pas seulement à faire figurer le nom d’un pays sur une pièce d’identité. Elle confère un certain nombre de droits et de devoirs, sauf en cas de condamnation par la justice, comme c’est le cas pour le Président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé ou Guillaume Soro. Bien qu’ils soient ivoiriens, tous trois sont privés de leurs droits civiques suite aux condamnations dont ils ont écopé.
Avec les principes qui caractérisent la nationalité, Tidjane Thiam a droit à la citoyenneté, c’est-à-dire au droit de vote, à l’éligibilité aux élections, ainsi qu’à d’autres droits civils, économiques et sociaux. Il bénéficie également de la protection consulaire, qui permet à tout citoyen de recevoir l’assistance de son pays lorsqu’il est à l’étranger. Il a accès aux services sociaux, éducatifs et sanitaires offerts par l’État dont il est citoyen.
Forcément, avoir une nationalité implique aussi des devoirs. Le citoyen doit obéissance aux lois et règlements de son pays, y compris aux obligations fiscales, militaires (obligatoires dans certains pays) et autres devoirs civiques. Il peut être amené à servir son pays dans le cadre militaire comme cela est mise en pratique au Burkina Faso ces derniers mois. Il peut servir dans d’autres services publics, en fonction de la législation du pays.
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Ainsi, le fait que Tidjane Thiam soit exclusivement ivoirien et qu’il ne soit frappé par aucune condamnation lui permet de prétendre aux mêmes droits que tous les Ivoiriens ayant atteint l’âge autorisé pour briguer les différents posts. Tidjane Thiam a donc de très grandes chances de devenir candidat du PDCI-RDA, à condition toutefois d’être désigné comme tel par les militants de ce parti.