La condamnation à 20 ans de prison de Laurent Gbagbo pour le supposé braquage de la BCEAO repose sur des accusations que l’institution elle-même ne reconnaît pas. Aucune preuve de vol d’argent n’a été relevée dans les rapports financiers de la BCEAO depuis 2011, selon son ancien gouverneur, Philippe-Henri Dakoury-Tabley.
Une condamnation de Laurent Gbagbo très controversée
Après la crise post-électorale de 2011, Laurent Gbagbo a été transféré dans le nord de la Côte d’Ivoire avant d’être remis à la Cour pénale internationale (CPI) pour répondre de plusieurs accusations, dont crimes contre l’humanité. Pendant que le monde suivait ce procès de près, une autre condamnation est tombée à Abidjan : celle de Gbagbo et de ses collaborateurs pour le prétendu braquage de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Cependant, l’ancien gouverneur de la BCEAO, Philippe-Henri Dakoury-Tabley, affirme que ces accusations sont infondées. Lors d’une déclaration sur PPA-CI TV, il a expliqué qu’aucun “casse” ni détournement n’a été signalé dans les locaux de l’institution.
Témoignage accablant contre les accusations
Selon Dakoury-Tabley :
« En réalité, il n’y a pas eu de casse. Pour qu’il y ait casse, il faut qu’il y ait eu effraction ou vol. Lorsqu’il y a eu la réquisition, le ministre Justin Koné Katinan et ses collaborateurs, accompagnés d’huissiers et d’un représentant du procureur, sont entrés dans les locaux de la BCEAO. Ils ont simplement demandé au personnel de poursuivre le travail. »
Il précise également que la BCEAO, censée être la victime dans cette affaire, n’a jamais porté plainte ni signalé la disparition de fonds. Un audit interne, suivi d’audits externes menés par des cabinets internationaux et des autorités françaises, n’a révélé aucune irrégularité.
Une justice ivoirienne mise en cause
Dakoury-Tabley va plus loin en accusant le camp d’Alassane Ouattara de vouloir discréditer Laurent Gbagbo à des fins politiques :
« C’est un coup monté pour pouvoir éliminer le président (Laurent Gbagbo, NDLR)… Les personnes qui dirigeaient la banque ont été virées après le 11 avril. Le siège, pour prouver que l’argent avait été pris, a réalisé un audit interne. Celui-ci n’a rien révélé, donc rien n’a été volé. On a ensuite mandaté un cabinet d’audit de renommée internationale qui a effectué l’audit : rien ! Les Français, qui tenaient aussi à tout prix à montrer que de l’argent avait été volé, ont mandaté à leur tour, sur décision du Président français (Nicolas Sarkozy, NDLR), un audit : rien ! Et tout cela se retrouve dans les rapports financiers de la banque, où il n’y a aucune trace d’un vol quelconque de ce montant ou d’un autre montant qui aurait été pris par qui que ce soit. »
Une condamnation qui interroge
Si les propos de Philippe-Henri Dakoury-Tabley sont avérés, cela révèle une grave manipulation de la justice ivoirienne par les politiciens, et donc la preuve de graves dysfonctionnements au sein du système judiciaire de Côte d’Ivoire. Sur la base de cette condamnation décrédibilisée par l’absence du crime rapproché au Président Laurent Gbagbo, son nom a été soustrait de la liste électorale et elle le prive injustement de ses droits civiques.
Détails en vidéo de l’affaire de la BCEAO
Vidéo du récit de l’entrée de Justin Koné Katinan dans la banque : https://www.youtube.com/clip/UgkxW6zVGskqC-edUnisE3AsalMszs76lATL
Vidéo du récit de l’absence de témoins : https://youtube.com/clip/Ugkx6nVyT0EQmE3ic-HUQ30InrRD6WUP47P0?si=dt1-fpNs_5AdxyFW
Vidéo du récit de ce que disent les audits : https://youtube.com/clip/UgkxjKxiKsMUz2dRrVIG3JbAruT90KXB0FH8?si=soGBYlq0rP5BrRnJ
L’audit du trésor français n’a trouvé aucun vol : https://youtube.com/clip/UgkxUHU_Tu_hpar1Sh31kDAZpDReDDYK8fuV?si=ioesxapKEncTUxWW