De 2016 à 2024, l’armée béninoise a gagné en puissance. Dans tous ses compartiments, des avancées importantes lui ont permis de faire face, jusqu’à présent, à la menace terroriste. Dans cet article, nous vous présentons comment cette montée en puissance a été effective.
Armée béninoise : son taux de disponibilité opérationnelle passe à 78 %
Selon le ministre béninois de la Défense nationale, en 2016, le taux de disponibilité opérationnelle (capacité d’une unité à réagir face à une menace) de l’armée béninoise était de 17 %. Il a confié que la situation était alors préoccupante.
« Les fondamentaux exigent qu’on ait un soldat pour un fusil d’assaut. Nous étions loin de ce ratio. Au niveau de l’armée de l’air, les vecteurs étaient cloués au sol et n’étaient pas opérationnels. Troisièmement, la marine clouait sous les actes répétitifs de piraterie et on arrivait pas à sécuriser le golfe de Guinée », a déclaré Alain Fortunet Nouatin.
Devant ce constat, le ministre avoue que « l’armée n’était pas véritablement en mesure de réagir efficacement contre une menace extérieure, qu’elle soit conventionnelle ou asymétrique ».
En huit ans, ce taux est passé à 78 %, atteignant ainsi la norme internationale. En effet, une armée avec un taux de disponibilité inférieur à 50 % est considérée comme inopérationnelle. « Entre 51 % et 75 %, vous êtes à peine opérationnel », a ajouté le ministre. Le pays ambitionne d’atteindre 96 % avant 2026. Aujourd’hui, on retient que l’armée béninoise est pleinement opérationnelle.
Mise en œuvre d’un programme pluriannuel de montée de puissance de l’armée
Face au diagnostic ayant révélé les faiblesses du dispositif militaire de l’armée béninoise, le gouvernement a mis en place un programme de montée en puissance articulé autour de trois volets : infrastructures, équipement et ressources humaines.
Sur le plan des infrastructures, le bilan est palpable. En effet, la révision du maillage territorial, due à la menace terroriste, a conduit à la construction de nouvelles infrastructures spécifiques et adaptées.
À ce jour, l’armée béninoise dispose d’une grande base à Kandi, d’une autre à Natitingou, de deux bases à Parakou, d’une base logistique prévue à Ouassa et de la caserne ultra-moderne d’Allada. Il y a également des mini-casernes modernes, entièrement équipées pour être immédiatement opérationnelles, ainsi que des points avancés fortifiés situés au plus près de la menace.
Toutes les composantes du dispositif sont interconnectées : les mini-casernes sont approvisionnées par les grandes bases, et les points avancés fortifiés sont, à leur tour, alimentés par les mini-casernes.
Sur le plan de la ressource humaine
Les nouveaux défis sécuritaires imposent une disponibilité en nombre et en qualité de ressource humaine au niveau de l’armée béninoise. Les autorités ont très vite pris la mesure du sujet. De 2019 à aujourd’hui, le Bénin a atteint plus de 9 000 nouvelles recrues au sein de l’armée, et l’objectif d’ici le premier trimestre de 2026 est d’atteindre 13 000 recrues. Les soldats recrutés reçoivent une formation adaptée aux nouvelles menaces. Ils sont rigoureusement entrainés et aguerris pour le front.
Pour encourager les soldats au front, un dispositif législatif a été mis en place pour garantir le soutien de l’Etat aux familles des militaires en cas de décès. Les éléments des Forces de défense et de sécurité qui se retrouveraient affaiblir d’une manière ou d’une autre du fait de leur engagement contre le terrorisme seront également soutenus.
En ce qui concerne les familles par exemple, le Ministre délégué auprès du Président de la République, chargé de la Défense nationale a indiqué qu’un capital décès de 15 millions de FCFA est institué au profit des ayants droits. Une prise en charge complète comprenant le volet sanitaire et scolaire est dédié aux enfants (jusqu’à 21 ans) des personnels décédés au front. Il a jouté que même les enfants qui sont dans un cuscus d’apprentissage seront soutenus et seront dotés de moyens à la fin de leur apprentissage pour leur permettre d’être à leur propre compte.
Quid de l’équipement ?
Sur le plan de l’équipement, le ministre Nouatin note un bilan reluisant. Il a fait savoir que le Bénin dépasse désormais largement le ratio : un soldat – un fusil d’assaut. Selon ses dires, même après 2026, il y a aura de fusils disponibles pour satisfaire de nouvelles recrues au sein de l’armée béninoise. En perspective, les autorités militaires entendre renforcement la disponibilité des équipements de protection personnelle des soldats.
En ce qui concerne la mobilité, un investissement conséquent a été réalisé. Le pays a acquis des véhicules de transport de troupes et des blindés. L’armée de l’air a à sa disposition une flotte conséquente d’hélicoptères de transports et de combat, des ultra légers motorisés pour l’acquisition de renseignements et des avions. Aujourd’hui, l’armée de l’air est pleinement équipée pour jouer son rôle.
Depuis fin 2021, les autorités affirment qu’aucun acte de piraterie n’a été signalé dans les eaux béninoises. Un succès attribué aux lourds investissements consentis dans l’équipement au profit de la marine. Avant 2016, les rares bateaux de patrouille dont disposait la marine avaient perdu leur capacité opérationnelle, selon le ministre de la défense. Il a affirmé que le plus rapide atteignait à peine 10 nœuds, alors qu’il aurait fallu dépasser les 25 nœuds pour être efficace. A l’en croire, ces navires étaient inutilisables en raison d’un manque d’entretien.
Face à cette situation, d’anciens bateaux ont été restaurés, et 52 embarcations à fond plat ont été acquises pour renforcer les patrouilles fluviales et lagunaires. La marine béninoise s’est également dotée d’un patrouilleur hauturier capable de rester en mer pendant des dizaines de jours sans ravitaillement. En complément, des embarcations ultra-rapides ont été mises en service pour intercepter les bateaux suspects.
Prochainement, la flotte sera renforcée avec de nouveaux patrouilleurs maritimes. Un dispositif de surveillance ultramoderne a également été mis en place pour sécuriser toute la côte béninoise, de la frontière nigériane à l’ensemble des eaux territoriales.
L’armée béninoise face au terrorisme
Le Bénin a mis en place une stratégie proactive dans la lutte contre la corruption. Plusieurs opérations ont été montées par l’armée béninoise, dont la dernière en cours : l’opération Mirador. Celle-ci a permis de déployer, dans les zones à risque, des forces aguerries et prêtes à intervenir.
La première attaque a eu lieu le 02 décembre 2021. L’effet de surprise a joué en faveur des assaillants, mais depuis cette date, les forces armées béninoises repoussent systématiquement toutes leurs tentatives. De lourdes pertes ont été infligées aux terroristes : des dizaines ont été neutralisés et des centaines sont sous les verrous de la CRIET. Aujourd’hui, les attaques se font rares.
Au départ, la menace était concentrée dans le fuseau Ouest, notamment du côté de Tanguiéta, Matéri et Porga. Cependant, la riposte des forces armées béninoises a été si efficace que les terroristes ont dû quitter cette zone pour se replier vers l’Alibori. Selon le ministre de la défense, les attaques recensées résultent de la volonté du chef des terroristes d’atteindre la côte. Or, pour y parvenir, ils doivent traverser le Bénin.
Sur le territoire béninois, Alain Fortunet Nouatin assure qu’aucun gîte terroriste n’est recensé. Malheureusement, il constate que ces groupes trouvent refuge de l’autre côté des frontières, où ils bénéficient d’une plus grande liberté d’action. De temps à autre, ils tentent de tester le dispositif sécuritaire de l’armée béninoise. Cependant, les attaques frontales ne fonctionnent plus, les obligeant à modifier leur mode opératoire. Désormais, les terroristes privilégient l’utilisation d’engins explosifs improvisés sur les itinéraires empruntés par les forces armées lors de leurs patrouilles.
Pas de bases militaires étrangères au Bénin
Sur cette question qui suscite depuis des mois des polémiques, le patron de l’armée béninoise a apporté un énième démenti. Il a juré que « le Bénin n’a jamais abrité de base étrangère sur son territoire. De 1960 à ce jour, il n’a jamais signé d’accord de défense ».
L’autorité ministérielle explique que c’est en signant un accord de défense qu’un pays peut accueillir une base étrangère afin de bénéficier de son appui en cas d’attaque. « Nous n’avons jamais signé un tel accord. Nos accords militaires portent uniquement sur l’assistance en équipement et la formation des troupes », a-t-il confié.
Même si pour le moment l’indice PwrIndx (4,3156) de l’armée béninoise est encore faible dans les rapport de Global Fire Power sur les puissances militaires en Afrique, elle travaille ardemment pour atteindre le cercle des armées les plus solides du continent.