Le projet de dépollution du delta du Niger, l’une des régions les plus polluées au monde, est un échec cuisant. Malgré des promesses et des financements importants, la corruption et l’incompétence ont miné les efforts de nettoyage. C’est ce que révèle une enquête menée par les Nations Unies et rapportée par l’Associated Press.
Corruption et impunité : l’échec de la dépollution du delta du Niger
Depuis des décennies, les marées noires se succèdent dans le delta du Niger, dévastant les écosystèmes et les moyens de subsistance des populations locales. Face à l’ampleur de la catastrophe, les Nations Unies avaient lancé un vaste programme de dépollution, financé par les compagnies pétrolières responsables de la pollution.
Cependant, ce programme a rapidement déraillé. Des documents confidentiels révèlent que la corruption a gangréné le projet dès le départ. Des entreprises peu qualifiées ont été sélectionnées pour mener à bien les opérations de nettoyage, et le suivi des travaux a été laxiste, voire inexistant.
« Le gouvernement nigérian a fait appel à des entreprises non-qualifiées pour une telle tâche, et le travail de suivi est considéré comme largement insuffisant, voire trompeur », peut-on lire dans les documents.
Face à cette situation alarmante, les Nations Unies ont tenté d’intervenir. Un nouveau responsable a été nommé à la tête de l’agence gouvernementale chargée de la dépollution, Hyprep. Mais ses efforts pour assainir la situation ont été rapidement sabotés.
« En 2021, l’ONU alerte donc les autorités et un nouveau patron est nommé à la tête de l’agence Hyprep. Mais, alors qu’il lance un audit sur les contrats passés, il est débauché et son prédécesseur retrouve le poste », souligne l’enquête.
Lassées par l’inaction des autorités nigérianes et la persistance de la corruption, les Nations Unies ont finalement retiré leur soutien au projet en 2023.
Le bilan du projet de dépollution du delta du Niger est donc catastrophique. Non seulement la pollution persiste, mais les efforts de nettoyage ont été détournés à des fins personnelles. Cette situation est d’autant plus scandaleuse que les populations locales continuent de souffrir des conséquences de la pollution.
Les révélations de l’enquête de l’ONU mettent en lumière l’urgence d’agir. Les compagnies pétrolières, les gouvernements nigérian et les Nations Unies doivent être tenus responsables de cet échec et mettre en place de nouvelles mesures pour protéger l’environnement et les populations du delta du Niger.
Il est essentiel de mener des enquêtes approfondies sur les pratiques corruptes et de sanctionner les responsables. De plus, il faut investir dans des technologies de nettoyage efficaces et durables, et impliquer les communautés locales dans la prise de décision. L’avenir du delta du Niger est en jeu.