La grande fête de la jeunesse africaine qu’est la phase finale de la CAN 2023 a débuté tambour battant, depuis le samedi 13 janvier au Stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé.
CAN 2023 : Le « yoyo » du COCAN
Le moins qu’on puisse dire, ce fut un spectacle haut en couleur qui a meublé la cérémonie d’ouverture, avec une présentation de la diversité culturelle du pays.
Il faut le souligner, la Côte d’Ivoire est à sa seconde organisation de la plus grande fête du football africain, après celle de 1984. La ferveur qui a entouré l’événement était à la dimension des attentes de la population ivoirienne qui avait en projet de communier avec toutes les jeunesses d’Afrique.
Si la cérémonie d’ouverture de la CAN 2023 fut belle, force est de noter qu’elle s’est déroulée dans un stade qui n’était pas archicomble. Ebimpé n’a pas fait le plein, tout au contraire, de nombreuses places dans les gradins étaient vides, à la surprise générale.
Qu’est-ce qui peut expliquer cet état de fait ? Ce, d’autant plus que le président du Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (Cocan), le ministre Albert Amichia, avait affirmé que le match d’ouverture se jouerait à guichet fermé parce que les tickets d’entrée au stade étaient épuisés.
D’où vient alors, que pour un stade de 60 000 places dont les tickets d’entrée étaient épuisés, seules à peu près 39 000 personnes étaient dans les gradins du stade ? Où sont passées les 21 000 autres ? Comment expliquer le vide constaté qui fait jaser tout le monde ?
Le président de la Fédération ivoirienne de football (Fif), dans un entretien, a émis des hypothèses pour expliquer le constat fait. Tour à tour la pluie puis la distance par rapport au stade d’Ebimpé ont été mises à l’index. Objectivement, est-ce vraiment la raison explicative ?
En tout état de cause, avant le début de la CAN 2023, on sentait venir la chose avec les décisions changeantes, les allers et retours du comité d’organisation relatifs aux maillots que devaient arborer les supporters ivoiriens pour aller au stade.
Tantôt, c’est le maillot officiel des Eléphants floqué du macaron de la FIF au prix de 59 900 F CFA qui serait autorisé au stade, tantôt, on revient pour dire que ce n’était plus une obligation. Puis les mêmes affirment que la diffusion des matches dans les lieux publics, bars, « maquis », et autres était soumise à conditions avant de revenir sur cette décision.
Tout porte à croire, qu’il y a avait une velléité du comité d’organisation de la CAN 2023 d’avoir l’exclusivité de la vente des maillots et de percevoir une forme de taxes auprès des tenanciers d’espaces publics.
Ce « yoyo » du comité d’organisation de la CAN a bien déteint sur les petits commerçants, douché la ferveur populaire qui entoure ce genre d’événements et n’a pas permis à toute la population de s’approprier cette fête du football.
Si on peut se satisfaire du contenu fluide de la cérémonie d’ouverture de la CAN 2023, qui s’est déroulée dans une ambiance euphorique, agrémentée par la prestation d’artistes triés sur le volet, on l’est moins par le constat des gradins clairsemés qu’il a été donné de voir. Ce spectacle désolant pour une cérémonie d’ouverture d’une si grande compétition, ne fait pas honneur à notre pays.
Alors les langues ont commencé à se délier pour nous apprendre que les tickets d’entrée aux stades font l’objet d’une spéculation de grande envergure. Des personnes achètent des tickets en grande quantité, opérant des ruptures de stock auprès des organisateurs, et les revendent au marché noir à des tarifs exorbitants.
Ainsi, les tickets de 5 000 F CFA sont revendus à 40 000 F CFA, ceux de 15 000 F CFA à 75 000 F CFA et de ceux de 100 000 F CFA sont proposés à 300 000 F CFA. Si ces informations sont avérées, on en viendra à désespérer de nos compatriotes, pour qui depuis quelques temps, toutes les situations, tous les services et toutes les opportunités sont bonnes pour « casser du sucre » sans état d’âme sur le dos de leurs compatriotes, se faire de l’argent facile et rapide.
Des supporters camerounais et guinéens qu’on a fait promener de gauche à droite à Yamoussoukro sans obtenir le fameux sésame pour aller soutenir leurs équipes, ont dénoncé cet état de fait qui n’est pas à l’honneur du pays.
Tout laisse croire que des bandes d’individus, bénéficiant d’une certaine complicité ont décidé de prendre la Can en otage, et espèrent en tirer un maximum de profits, au détriment des amoureux du ballon rond.
Espérons que l’intervention des plus hautes autorités du pays et celles des instances du football permettra de trouver une solution durable à cet épineux problème, pour que les stades de la compétition puissent faire leur plein.
L’affairisme qui s’est emparé de certains de nos compatriotes depuis un certain temps, qui perdure, et qui risque de ternir durablement l’image de notre pays, doit absolument être vigoureusement combattu, car cette fois-ci, nous ne sommes pas seuls. Il y va de notre honneur.
La spéculation et l’affairisme ne doivent pas gâcher la fête de la jeunesse africaine.
Ainsi va le pays.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.