Débutée tambour battant le 13 janvier 2023, la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nation (Can 2023) est aujourd’hui au stade des demi-finales.
CAN 2023 : Il n’y a plus d’équipes prédestinées à gagner
La semaine prochaine nous situera sur les noms des deux équipes qui se disputeront le magnifique trophée.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le nivellement du football africain par le haut est une réalité. Il n’y a plus de petites équipes, tout comme il n’y a plus d’équipes prédestinées à gagner, au regard de leur histoire.
Ce fut agréable de voir le Cap Vert tenir la dragée haute et « manquer de respect » à des équipes réputées « grandes » en Afrique. Ce fut également une grande et agréable surprise de voir la Mauritanie obliger la grande Algérie à retourner à ses chères études, tout comme la Guinée Equatoriale qui a fait s’effondrer toutes les certitudes des Ivoiriens.
Ainsi toutes les équipes, qui pouvaient à la veille de la compétition, se prévaloir du statut de favorites, se sont toutes effondrées et sont rentrées au bercail plus vite que prévu : l’Algérie, le Cameroun, le Maroc, la Tunisie, le Sénégal…
C’est une preuve que, dans le silence, tous les pays travaillent sérieusement et durement, au point de faire mentir toutes les projections et toutes les certitudes de tous ceux qui se croient « grandes nations » de football. Désormais, la seule certitude qui demeure, c’est que le ballon roule pour tout le monde.
La marche « sinusoïdale » de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, les Eléphants dans cette compétition est également digne d’intérêt, et des leçons peuvent en être tirées.
La victoire acquise en match d’ouverture contre la Guinée Bissau n’est pas en soi une surprise, tout comme la défaite contre le Nigeria. Toutefois, la raclée prise devant la Guinée Equatoriale, qui n’a pas la réputation d’être une « grande nation de football », est restée en travers de la gorge.
Avec une victoire et deux défaites dans cette phase de poules, l’équipe ivoirienne, n’avait plus le destin de sa qualification en mains, et devait compter sur des défaites, des matches nuls ou des victoires d’autres équipes pour être située sur son sort. Ce fut chose faite.
Dans leur humour, les Ivoiriens résument le parcours de leur équipe nationale, les Eléphants, de la façon suivante :
« Morts à Abidjan, ressuscités à San Pedro, qualifiés à Yamoussoukro, repositionnés à Bouaké…C’est notre Can, on se promène comme on veut… ».
En tout état de cause, la saga des Eléphants continue.
Mais on retiendra que la métamorphose de l’équipe ivoirienne est le résultat de rupture qu’il a fallu opérer, il a fallu battre en brèche les certitudes de certains dirigeants de notre football, pour donner une trajectoire nouvelle à la marche des Eléphants.
Ainsi, il a fallu se débarrasser d’un entraineur qui, de toute évidence n’était pas à la hauteur des attentes des Ivoiriens. La clameur populaire s’est également satisfaite que le recours à un autre expatrié en qualité de pigiste n’ait pas pu prospérer.
A leur corps défendant, les dirigeants du football ivoirien, ont été dans l’obligation de faire confiance à l’expertise locale, en remettant l’équipe à trois des nôtres : Fae Emerse ; Guy Demel et Gouaméné Alain.
Aujourd’hui, ces entraineurs locaux sont entrain d’écrire une nouvelle page de l’histoire du football ivoirien, comme ont eu à l’écrire, Yéo Martial ou François Zahoui.
C’est une leçon qu’on devra retenir et faire de plus en plus confiance à l’expertise locale dans tous les domaines.
La sagesse africaine enseigne que le cafard, accusé de ne pas savoir danser, a eu ces mots :
« Chaque fois que le tam tam bat son plein, et pris par la transe de la danse, il s’élance au milieu de la foule pour esquisser ses pas à lui, le coq sort de nulle part, fond sur lui pour le picoter. Dans ces conditions, comment montrer aux yeux de tout le monde qu’il sait danser, si le coq ne lui laisse jamais l’opportunité? ».
Comment évaluer notre expertise locale, si on ne lui donne aucune opportunité de se faire concrètement apprécier ?
La Can, notre Can se poursuit et un ami mien, professeur de lettres de son état, résume ainsi l’état-d’âme des ivoiriens à ce stade de la compétition:
- le peuple a pris le pouvoir dans la gestion technique de l’équipe et les choses vont mieux.
- La rue et son bon sens pratique a trouvé les meilleures chansons (coup de marteau), et la plus chic, traduisant la réalité et l’humilité : « on vaut rien, on est qualifié », au détriment de l’hymne officiel de la compétition. Tout un programme.
Ainsi va la Can.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.