Au caméroun, un mouvement social pour des salaires décents s’est transformé en tragédie à Nkoteng. La grève des travailleurs saisonniers de la Sosucam, filiale du groupe français Somdia, a été réprimée dans le sang, faisant un mort et plusieurs blessés. L’affaire a pris une ampleur internationale, suscitant l’indignation et l’interpellation de la Commission européenne.
La répression sanglante d’une grève au Cameroun
Le 26 janvier, les travailleurs saisonniers de la Sosucam ont entamé une grève pour protester contre le retard de paiement de leurs acomptes mensuels. La direction a justifié ce retard par un problème technique lié à l’opérateur mobile en charge des paiements. Cependant, les syndicalistes dénoncent une situation plus profonde, marquée par un climat social tendu et un dialogue difficile avec la direction de l’entreprise.
Le 4 février, les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les grévistes qui bloquaient le site de production. Selon les autorités, un travailleur a été tué alors qu’il tentait d’agresser un policier avec une machette. Les syndicats et plusieurs médias contestent cette version, affirmant que la répression a été brutale et a fait plusieurs morts, dont un enfant et un policier, ainsi qu’une vingtaine de blessés.
L’affaire a pris une ampleur internationale, notamment en Europe. La députée française Marina Mesure (LFI) a interpellé la Commission européenne, qualifiant cette répression de « sans précédent ». Dans une lettre adressée à Maros Sefcovic, Commissaire européen au commerce, elle dénonce une « violation manifeste des droits fondamentaux des travailleurs » et appelle l’Europe à réagir.
Face à la polémique, les autorités camerounaises tentent de minimiser les événements. Le gouverneur du Centre, Naseri Paul Bea, insiste sur la violence des manifestants et affirme que les forces de l’ordre ont agi en légitime défense. Il assure que la situation est sous contrôle et que la production reprendra rapidement.
Malgré ces déclarations, le malaise persiste. Les travailleurs saisonniers représentent 90 % des effectifs de la Sosucam, filiale du groupe français Somdia, accusée depuis des années de réprimer les mouvements syndicaux.
Cette tragédie met en lumière les tensions sociales qui persistent dans le secteur de l’agro-industrie au Cameroun, où les conditions de travail et de rémunération des travailleurs sont souvent précaires. L’affaire Sosucam soulève également la question de la responsabilité des entreprises multinationales dans le respect des droits fondamentaux des travailleurs.