Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent, le Groupe d’Action Financière (GAFI) a placé plusieurs pays africains sur sa liste de surveillance renforcée. En février 2025, la liste compte au total 14 pays. Ajoutée en octobre 2024, l’Algérie est en tête du top 10.
Blanchiment d’argent : la Côte d’Ivoire, 4e pays africain placé sous surveillance renforcée du GAFI
14 pays africains sont actuellement placés sur la liste de surveillance renforcée du GAFI. La présence de ces pays sur la liste signifie qu’ils sont surveillés de près par le GAFI dans le cadre de la correction des faiblesses relevées dans leur système de lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Être placé sur cette liste signifie que le pays s’engage à résoudre ces problèmes dans un délai fixé et fait l’objet d’un suivi strict. Cette liste est aussi appelée « liste grise ».
Numéro | Pays | Date d’ajout |
1 | Algérie | Octobre 2024 |
2 | Angola | Octobre 2024 |
3 | Burkina Faso | Février 2021 |
4 | Cameroun | Juin 2023 |
5 | Côte d’Ivoire | Août 2023 |
6 | République démocratique du Congo | Octobre 2022 |
7 | Kenya | Février 2024 |
8 | Mali | Octobre 2021 |
9 | Mozambique | Octobre 2022 |
10 | Namibie | Février 2024 |
Les quatre pays restants qui complète la liste à 14 sont : le Nigeria (février 2023), l’Afrique du Sud (février 2023), le Soudan du Sud (octobre 2024) et la Tanzanie (octobre 2024).
Le cas de la Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire reste présente sur la liste grise du GAFI malgré ses efforts pour réduire au maximum le risque de blanchiment d’argent sur son territoire. En octobre 2024, la Côte d’Ivoire a réaffirmé son engagement à collaborer avec le GAFI et le GIABA pour renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LBC/FT). Depuis l’adoption de son rapport d’évaluation en juin 2023, le pays a réalisé des progrès notables, notamment en :
- Adoptant des réformes législatives et réglementaires pour améliorer son cadre juridique en matière de LBC/FT.
- Actualisant son analyse des risques en identifiant les infractions les plus préoccupantes.
- Renforçant les ressources humaines et techniques de ses autorités de contrôle et de poursuite.
- Rendant opérationnelle l’agence en charge de la gestion.
Le pays a promis de poursuivre ses efforts en mettant en œuvre plusieurs actions prioritaires. Ces actions ont pour objectif de renforcer l’engament des autorités ivoiriennes à lutter efficacement contre le blanchiment d’argent. Il s’agit de :
- Accroître la coopération internationale pour les enquêtes et poursuites en matière de LBC/FT.
- Améliorer la surveillance des institutions financières et autres professions à risque, tout en menant des campagnes de sensibilisation.
- Faciliter l’accès aux informations sur les bénéficiaires effectifs des entreprises et appliquer des sanctions en cas de non-respect.
- Optimiser l’utilisation des renseignements financiers dans les enquêtes.
- Augmenter le nombre d’enquêtes et de poursuites, en accord avec le niveau de risque du pays.
- Renforcer le dispositif de sanctions financières ciblées.
- Ces mesures visent à rendre le système ivoirien plus efficace et conforme aux standards internationaux en matière de LBC/FT.
En Côte d’Ivoire, un arsenal législatif est mis en place pour lutter contre le blanchiment d’argent. On peut citer l’ordonnance n° 2023-875 du 23/11/2023 relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive ; la loi N°2016-992 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cette loi a même a subi des ajustements afin de prendre en compte plus d’éléments issus des recommandations du GAFI et de tenir compte de certaines réalités locales et sous-régionales.
Dans son récent message à la Nation, le président Alassane Ouattara a annoncé l’intensification de la lutte contre le blanchiment d’argent. Avant cette sortie, les autorités judiciaires avaient déjà promptement réagi en mettant sous mandat de dépôt Stéphane Agbré, alias Apoutchou National, et Leonel Akobé, alias Leonel PCS. Ils sont épinglés pour blanchiment de capitaux après avoir exhibé des liasses de billets dans une vidéo virale.