Au Bénin, le coût des réalisations, notamment des infrastructures routières, est devenu un sujet de plus en plus tabou. De 2016 à ce jour, plusieurs routes ont été construites à travers le pays. Mais combien ces différents projets ont-ils coûté aux caisses publiques béninoises? Poussé dans ses retranchements sur le sujet par le journaliste Dônklam Abalo, Jacques Ayadji, ministre conseiller aux infrastructures et au cadre de vie, a dévoilé une partie de l’information, invitant le journaliste d’Edent TV à sortir sa calculatrice.
Construction de routes au Bénin : Jacques Ayadji dévoile le coût moyen par kilomètre sous le régime Talon
« Nous avons investi beaucoup de milliards dans les routes », a déclaré Jacques Ayadji, directeur des transports terrestre et aérien, et ministre conseiller aux infrastructures et au cadre de vie. Cette première réponse n’a pas satisfait Dônklam Abalo, qui a persisté dans ses questions, mettant son invité dos au mur. Confronté à l’insistance du journaliste, Jacques Ayadji a fini par cracher un bout du morceau.
« Nous avons construit deux mille et quelques kilomètres de routes bitumées. Il y en a autant ou même beaucoup plus en cours de démarrage ou d’exécution. Si je prends le coût moyen que nous avons pu avoir dans cette période, qui est de l’ordre de 700 à 800 millions le kilomètre, si vous voulez faire un petit calcul : prenez les 800 millions et multipliez-les par 2 000 kilomètres », a-t-il expliqué.
Les calculs parlent d’eux-mêmes
Sur la base des chiffres avancés par Jacques Ayadji, les calculs indiquent un montant d’au moins 1 600 milliards de francs CFA (1 600 000 000 000) en considérant 800 millions de francs CFA comme coût moyen par kilomètre. « Pour les travaux achevés à date, nous avons réalisé environ 2 070 kilomètres de routes, et le coût moyen au kilomètre est de l’ordre de 700 à 800 millions le kilomètre », a-t-il précisé.
En termes de kilomètres réalisés, le régime de Patrice Talon a doublé les performances du régime précédent. En 2016, lors de l’un de ses derniers conseils des ministres, le gouvernement de Boni Yayi avait déclaré avoir réalisé 1 000 kilomètres de routes pour un investissement total de plus de 850 milliards de francs CFA, soit une moyenne de 100 kilomètres par an en termes de réhabilitation, de modernisation et d’extension. Le réseau routier national était alors passé de 1 821 kilomètres en 2006 à environ 2 800 kilomètres en 2016 au Bénin.
Selon Jacques Ayadji, la différence entre le bilan du régime de la « Rupture » et celui du « Changement – Refondation » ne se limite pas à la quantité. Il met également en avant la qualité des routes réalisées sous Patrice Talon, qu’il considère largement supérieure à celle des infrastructures construites sous Boni Yayi, l’ancien président de la République du Bénin.
Rapport qualité-prix
« On ne peut pas donner le coût au kilomètre d’une route sans préciser sa nature, sa qualité et sa durabilité », a expliqué le ministre conseiller. En clair, Jacques Ayadji souligne que si certains estiment que les coûts sont plus élevés sous le régime actuel, cela s’explique par une meilleure qualité. Il affirme que les routes réalisées sous Patrice Talon sont conçues pour durer jusqu’à 10 voire 20 ans.
Une route, c’est la structure de la chaussée. Selon Jacques Ayadji, ingénieur en Génie Civil, cette structure se compose de plusieurs couches, depuis la base jusqu’à la couche de roulement. Il affirme que par le passé, les couches de fondation et de base étaient en matériaux latéritiques, la fondation naturelle ayant une épaisseur d’environ 20 cm. La couche de base, parfois améliorée au ciment, était ensuite recouverte d’un gravillonnage.
L’ancien syndicaliste a expliqué que cette méthode était imposée par les bailleurs traditionnels, qui finançaient les projets et imposaient des standards de moindre qualité. « Avec les financement classiques qu’on avait chez les bailleurs traditionnels, lorsque vous voulez aménagé une route pour la première fois, les gens vous imposent une structure donnée. Ils n’acceptent pas qu’on fasse autre chose que l’enduit superficiel, ce que j’appelle gravillonnage », a-t-il ajouté.
La nouvelle approche de Patrice Talon
Jacques Ayadji a indiqué que le président Patrice Talon a rompu avec ces pratiques et choisi de privilégier des infrastructures durables. « Il a dit qu’il ne voulait plus entendre parler d’enduit superficiel et a trouvé un moyen de contourner les partenaires qui nous imposaient ce type d’aménagement », a-t-il expliqué.
Le ministre conseiller aux infrastructures et au cadre de vie assure qu’aujourd’hui au Bénin, la majorité des routes construites au Bénin sont dotées d’une couche de roulement en béton bitumé, d’une couche de base en grave bitume ou en grave concassée améliorée au ciment. « Quand vous faites une route comme ça, cela coûte cher à l’investissement, mais revient moins cher sur la durée », a-t-il indiqué. Pour lui, le choix est clair : mieux vaut investir dans des routes de qualité supérieure, capables de résister au temps, plutôt que de privilégier des infrastructures de moindre qualité.