Avec la montée du sentiment anti-français, la diplomatie française en Afrique connaît un déclin notable. Celui-ci est alimenté par des décisions politiques controversées de Paris. Historiquement, la France a charmé les Africains par son engagement envers la justice, les échanges culturels, les soins de qualité et la formation des jeunes et des élites africaines. Cependant, des erreurs récentes ont sapé cette relation, suscitant un sentiment anti-français croissant sur le continent.
La perte de l’accessibilité aux universités françaises
Autrefois, les étudiants africains bénéficiaient d’une certaine facilité pour étudier dans les universités françaises. Cependant, l’introduction de frais d’inscription élevés, variant de 2770 à 3770 euros pour les étudiants non européens, a rompu ce lien privilégié, favorisant la naissance du sentiment anti-français.
Cette décision a eu des implications directes sur la loyauté de certains Africains envers la France, car les étudiants du continent ne se sentent plus redevables envers un pays qui ne leur offre plus les mêmes opportunités éducatives.
Le contrat moral qui liait les étudiants africains à Paris a été rompu. Mieux, cela alimente une attitude de méfiance envers la France. Cette perte de privilège pourrait également influencer les élites formées en France à adopter une posture beaucoup plus critique vis-à-vis de la France, voire un sentiment anti-français chez eux également.
Sentiment anti-français, résultat de la loi sur l’Immigration
La récente législation française sur l’immigration aggrave la situation en durcissant les règles des quotas migratoires, les conditions du regroupement familial et la très xénophobe règle du versement des allocations sociales aux travailleurs étrangers. Un Français pourrait travailler moins d’une année et bénéficier des allocations chômage. Un Africain devra lui travailler cinq années avant d’avoir droit aux mêmes allocations retenues sur son salaire au même titre que son collègue français.
Ces mesures, perçues comme hostiles envers les Africains, renforcent le sentiment anti-français. Les intellectuels, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, rejettent les passe-droits historiques de la France, tandis que les citoyens moyens ressentent de plus en plus le rejet de Paris.
L’impact de ces réformes restrictives sur l’immigration va au-delà des frontières, créant une atmosphère de méfiance envers la France dans de nombreux pays africains. Les citoyens ordinaires, souvent touchés par ces politiques, voient la France comme un partenaire de moins en moins fiable et engagé dans la coopération bilatérale.
Conséquences sur la diplomatie française en Afrique
Ce glissement d’opinion en Afrique n’est pas anodin. La France, en perdant sa réputation d’accessibilité éducative et en adoptant des politiques restrictives, perd progressivement son influence diplomatique. Les élites africaines formées en France, autrefois des ambassadeurs implicites de la coopération franco-africaine, se transforment en critiques…
Pour inverser cette tendance, la France doit réévaluer ses politiques éducatives et migratoires vis-à-vis des Africains. En rétablissant des relations équitables, le pays d’Emmanuel Macron pourrait regagner la confiance de la jeunesse africaine et renforcer son rôle en tant que partenaire privilégié sur le continent.
Comment interpréter l’annulation par la France de l’extradition vers le Burkina Faso de François Compaoré ? Ce dernier est réclamé par la justice de son pays depuis plus de 10 ans pour le meurtre du journaliste Norbert Zongo. Est-cela le droit qui a fait la réputation de la France ?
La mauvaise relation de Paris avec Ouaga peut-elle sérieusement justifier un refus de livrer François Compaoré dont l’extradition avait déjà été décidée par la justice française ? Ces comportements contraires aux valeurs de la France créent un précédent dans sa relation future avec l’Afrique.
Une personne, qui refusera de payer les lourds impôts en France ou qui y sera suspectée de crimes les plus graves, pourrait désormais s’établir en paix au Burkina Faso. Les autorités de ce pays, au regard de leur jeu de la réciprocité vis-à-vis de Paris, pourraient s’assoir sur une décision de justice du même genre.
Outre la Côte d’Ivoire et le Sénégal qui servent encore de vitrine à Paris sur le continent, plusieurs autres pays africains ont déjà un pied en dehors du précarré français.
Des succès éventuels de la nouvelle politique de rupture du Mali, du Burkina Faso et du Niger pourraient persuader d’autres pays à entrer dans la danse. La question « Que vaut la France sans l’Afrique ? » pourrait alors sérieusement se poser.