Le District d’Abidjan qui communique assez maladroitement sur l’affaire Gesco, le gouvernement qui communique du bout des lèvres, la mairie de Yopougon qui ne fait pas mieux. Cette histoire fait penser aux déguerpissements de Port Bouët en 2015 et a la Com barbares qui avait à l’époque été faite, en substance :” dégagez, on vous avait bien prévenu. “ Et dire qu’on pouvait procéder autrement…
En effet, depuis 1944, à plusieurs reprises, la zone s’étalant de Gonzagueville à Port Bouët a été totalement détruite par des vagues d’origine sismique, autrement dit par des tsunamis de moyenne amplitude ; mais peu de gens le savent. Avant le terrible tsunami d’Indonésie, on appelait ces phénomènes « houles géantes».
En mai 1944, on estime à 20.000 tonnes de matériaux, habitations et infrastructures diverses emportés par des houles géantes. En juin de la même année, les vagues entrent plus loin encore dans les terres, 35 000 tonnes sont emportées. Juillet 1954, une digue construite suite aux dégâts de 1944 est détruite par des vagues exceptionnelles, elle pesait 5000 tonnes et était constituée de roches.
Juin 1960, cette fois-ci c’est la digue nouvellement construite du canal de Vridi qui part dans les eaux. En 1968, on frôle la catastrophe avec la destruction des canalisations de la SIR, toujours les mêmes causes, des vagues géantes. 1984, et 1986, des phénomènes similaires, avec la SIR sous les eaux, des dégâts à Port Bouët et sur toute la côte ivoirienne, avec des routes emportées, des maisons détruites et le phare de Grand Lahou qui disparaît à jamais, avalé par la mer en 1989.
Dans la nuit du 13 au 14 août 2007, pour la première fois, les autorités ivoiriennes ont reconnu qu’il y avait eu un « déferlement de vagues d’origine sismique » c’est-à -dire d’un tsunami. Suite à cela, des études ont été menées et la conclusion était sans appel : cette partie du littoral ivoirien serait mieux indiquée pour les aménagements touristiques de jour, et des aménagements urbains légers.
Ce sont ces aménagements que le pouvoir actuel est en train d’achever. Pourtant, le mini tsunami d’août 2007, survenu en pleine nuit, a de toute évidence emporté de nombreuses vies humaines dans ces quartiers jadis précaires, où aucun recensement réel n’avait à l’époque pu être effectué.
Sur d’autres parties du littoral ivoirien également, de nombreux témoignages vont dans ce sens. Les huit événements côtiers ci-dessus énoncés sont eux les conséquences de séismes sous-marins, et celui de 2007 avait atteint une amplitude de 4,8. En 2015, lorsque les déguerpissements ont commencé le long du littoral à Port Bouët, l’opinion publique a été fortement émue.
À l’époque, aucune communication n’a été faite dans le sens de ce que vous lisez. Cette zone est très dangereuse, et il est beaucoup plus facile d’évacuer une promenade à ciel ouvert qui longe une voie express, dès lors que l’alerte sismique aura été lancée USGS (institut de veille géologique américain)*, que des quartiers précaires.
Depuis 1944, les colons avaient déjà interdit ces constructions. Il existe de nombreuses traces historiques très documentées et plusieurs analyses scientifiques irréfutables le démontrant. Mais on s’est passé de cette pédagogie en douceur, et on a envoyé les CRS et les bulldozers.
Concernant Gesco mon approche sera un peu différente de celle observée ici et là sur la toile. Déterminer qui a raison et qui a tort, mon frère Assale Tiémoko saura sans doute assez bien nous éclairer. Par contre, sur cette page, vous allez avoir une idée assez précise de ce que valent aujourd’hui ces terrains ( valeur des points de vue financiers et stratégiques.)
Jadis précaires, après les nombreux aménagements de tous types et notamment routiers, qui les entourent sur un rayon d’environ 20 km, il s’agit maintenant, selon mes observations, d’une zone idéalement située pour un certain type d’activités particulièrement lucratives si des travaux sont effectués par le génie civil. Faites déjà un tour sur Google Earth, et vous aurez un début de réponse.
Ce texte est proposé par l’analyste Jean Christian Konan