Le commandant Jean-Noël Abéhi a avoué avoir été approché par le ministre Koné Katinan, porte-parole de Laurent Gbagbo, lorsqu’il était au Ghana. Il a affirmé qu’il savait que la plateforme des militaires de Côte d’Ivoire exilés au Ghana à laquelle travaillait l’ancien ministre préparait un coup d’État contre le régime d’Alassane Ouattara, mais qu’il n’était pas leur complice.
Jean-Noël Abéhi, ses surprenantes révélations contre les pro-Gbagbo
Jean-Noël Abéhi, l’ex-patron du groupement de l’escadron blindé ( GEB) de la gendarmerie ivoirienne était à la barre lundi 8 janvier. Il a confié à l’avocat général : « En décembre 2011 à Accra, le ministre Koné Katinan m’a approché pour la création d’une plateforme des militaires ivoiriens en exil. J’ai répondu à son invitation parce que je croyais que cette plateforme envisagerait de négocier avec le nouveau régime pour le retour au pays des exilés militaires.»
L’officier proche de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a assuré qu’il n’avait jamais «adhéré» au projet de déstabilisation du pouvoir Ouattara de cette plateforme de militaires ivoiriens en exil au Ghana. Mieux, il dit avoir pris des dispositions pour faire échouer ce projet, se défendant de n’être qu’un serviteur de l’État et non des personnes qui dirigent l’État.
« Nous soutenons l’État de Côte d’Ivoire, quel que soit le régime qui arrive. Je suis pour la république. Je travaille pour la république et je continuerai de travailler pour la république. Je suis un serviteur de l’État et il ne m’appartient pas à moi de décider qui doit être le président de la République », s’est défendu le Commandant Jean-Noël Abéhi.
Abéhi, d’adulte en conflit avec les autorités à sauveur des mêmes autorités ?
Il donne ensuite à l’avocat général la raison du pourquoi il n’avait pas dénoncé ce coup en préparation aux autorités : « Monsieur l’avocat général, comme il y a des enfants en conflit avec la loi, moi-même j’étais en ce moment un adulte en conflit avec les autorités ivoiriennes. Donc je ne pouvais pas les avertir de ce qu’il y avait un projet de déstabilisation en cours depuis le Ghana.»
Cependant, le commandant Jean-Noël Abéhi dit avoir pris des dispositions pour mettre en échec le plan de déstabilisation en préparation par ses camarades. Une vidéo qui devait être diffusée à la RTI, dans laquelle il se présentait comme Président du Front National de Libération, a été passée en audience sur instruction du juge-président Aboubacar Coulibaly. Cet élément serait d’après lui une preuve de sa bonne foi.
Le Commandant Abéhi dit avoir préparé cette vidéo destinée à la nation ivoirienne et à la communauté internationale « pour combattre les militaires de la plateforme en exil qui avaient eux aussi prévu une déclaration de prise du pouvoir».
L’officier considéré comme pro-Gbagbo dit avoir sollicité le maréchal des logis-chef (MDL Chef) Kla Guiraud, sur place à Abidjan, pour lui confier plusieurs missions devant contrer les plans de ses « frères d’armes» exilés au Ghana.
Le MDL-chef Kla Guiraud sidéré par les mensonges de Jean-Noël Abéhi
Ce dernier aurait été chargé de rassurer les gendarmes de la caserne d’Agban de ce qu’il n’était pas « un traître » et qu’il n’était allé en exil que pour préserver sa vie et celle des siens.
Jean-Noël Abéhi affirme ensuite avoir reçu le MDL-chef Kla Guiraud qu’il qualifie de « bon combattant» plus d’une fois à Accra, à cet effet.
Il faut noter que Jean-Noël Abéhi a subi des maltraitances en prison, selon son avocat Me Gohi Bi Irié Raoul. Ce dernier disait dans les colonnes de L’Inter, daté du 5 janvier dernier : « mon client a été mis en lambeaux à la Direction de la surveillance du territoire (Dst). Après avoir été transféré à Bouaké, il était à deux doigts de la mort. On remercie quand même les autorités judiciaires de Bouaké, parce qu’il a même été opéré dans les locaux du Camp pénal de Bouaké. Une opération qui a commencé à midi et qui s’est terminée à 6 heures du matin, soit 18 heures d’opération. Pour vous expliquer que c’était très grave. J’insiste, il était à deux doigts de la mort. »
La réaction du MDL-chef Kla jette en tout cas un gros doute sur ces affirmations du Commandant Jean-Noël Abéhi, dont la posture a fortement varié. De nie tout, il se livre aujourd’hui à des accusations graves contre ses frères d’armes et le ministre Koné Katinan.
Le MDL-chef Kla a répondu à cette affirmation du commandant Abéhi en disant : « M. le président, je tombe des nues. Je suis fort sidéré par les déclarations du Commandant Abéhi. Je ne suis jamais allé au Ghana pour le voir et il ne m’a jamais confié de mission.»
Il faut noter que le MDL-Chef Kla Guiraud est lui aussi accusé d’être l’un des instigateurs de cette tentative d’attaque contre la caserne d’Agban en 2012.
Graves accusations de Jean-Noël Abéhi contre le Colonel Katé Gnatoa
Poursuivant ses accusations pas très crédibles, Abéhi a affirmé que le Colonel Katé Gnatoa préparait un génocide. «J’ai pris part à deux réunions de la plate forme. À la deuxième rencontre, le Président, le Colonel Katé Gnatoa nous a demandé à chacun d’identifier le personnel et le matériel présents. Le Colonel a envisagé une solution militaire. Un projet de génocide se préparait à l’ouest avec la création du mouvement du grand ouest qui devait avoir pour base le Port de San-Pedro. L’objectif était d’exterminer les Baoulés et les Dioula.»
Le problème avec ces dires du Commandant Abéhi, c’est que le ministre Koné Katinan qui aurait mis en place cette plateforme des militaires exilés est lui-même un enfant du Nord de la Côte d’Ivoire et né à Niakaramandougou, près de Katiola. Comment expliquer qu’un enfant du pays prépare un coup pour exterminer ses propres parents ? Cette déclaration jette un doute légitime sur le témoignage du Commandant Abéh devenue bien trop bavard contrairement à son caractère habituel.