Le procès Laurent Gbagbo et Blé Goudé à la CPI pourrait s’arrêter à tout moment. Après le passage de 82 témoins de l’accusation, la parole est maintenant aux témoins de la défense. Cependant, les représentants des deux accusés pourraient décider de mètre un terme à ce procès qui dur depuis déjà plusieurs années.
Laurent Gbagbo et Blé Goudé, le procès ira-t-il à son terme ?
Depuis mardi 29 novembre 2011, le président Laurent Gbagbo a quitté la terre de ses ancêtres pour La Haye. Il avait ensuite été rejoint par Charles Blé Goudé avec qui ils répondent des accusations de crimes contre l’humanité. L’ancien président ivoirien est accusé dans ce procès initié par le Procureur Moreno-Ocampo, après une enquête éclaire, d’avoir fait tuer et violer des militants d’ Alassane Ouattara dans le but de se maintenir au pouvoir.
Une fois l’opération savamment orchestrée par le Procureur en collusion avec des diplomates français, onusiens et Alassane Ouattara, du moins selon Médiapart, l’heure de prouver les accusations était venue. Pour démontrer son accusation de l’existence d’un « Plan commun » entre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, idole de la jeunesse patriotique de Côte d’Ivoire, 82 témoins se sont succédé à la barre. Le défilé aurait pu s’allonger si 40 témoins n’avaient pas renoncé à participer à la procédure.
Avec le témoignage d’ Hélène Yapo Etté qui a clôturé l’impressionnant ballet des témoins, place est désormais faite à la défense de démonter un peu plus les accusations de la Procureur Fatou Bensouda et son collaborateur Eric McDonald.
Il faut noter que plusieurs généraux de l’armée ivoirienne se sont succédé dans le prétoire sans jamais aider à confirmer l’existence d’un plan commun entre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé contre les militants du RDR d’Alassane Ouattara. Des témoignages de ces généraux ivoiriens, l’on retiendra la division qui a fait rage au sein de cette armée au plus fort de la crise. On voit un Général Philippe Mangou, en toute incohérence, expliquer qu’il n’avait pas gagné la guerre parce qu’il n’avait pas été armé par le président Laurent Gbagbo.
Les divisions au sein de l’armée ivoirienne
Selon lui, l’ancien chef de l’État ivoirien préférait donner les moyens aux officiers proches de lui, notamment au Général Dogbo Blé Bruno. Philippe Mangou a montré lors de son témoignage combien il était jaloux de cet officier qui a gagné le respect de tous lors de cette crise. Dans le même temps, l’ancien CEMA disait qu’il n’aurait pas fait la guerre même s’il avait été renforcé en arme comme il le voulait… Son récit détaillé sur ses fausses vraies démissions a continué de le décrédibiliser.
Quelques contre-vérités qu’il a glissées dans son témoignage, mais démenties par le chef des forces terrestres de l’époque, Firmin Detho Letho, font de Mangou un officier pas vraiment fiable. L’ancien Chef de l’État Major de l’armée ivoirienne, « le chrétien » de surcroit, avait laissé des jeunes soldats ivoiriens sur le champ de bataille pour se réfugier à l’ambassade d’Afrique du Sud sans jamais lancer d’appel à déposer les armes avant l’arrestation du président Gbagbo. Dès lors, il devient difficile de faire passer ses affirmations pour paroles d’évangile.
Les témoins de l’accusation n’ont pu permettre d’établir l’existence d’un plan diabolique de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pour tuer les militants du RDR, autant les « 7 femmes d’Abobo » que le bombardement du marché de la même commune resté debout jusqu’à ce jour. Aucun tireur n’a été identifié par l’enquête ou encore moins l’identité du donneur d’ordre. Si on ajoute à cela certains témoignages de médecins légistes qui font planer le doute sur l’identité des morts ou du supposé sang trouvé sur leurs vêtements, la Procureur Fatou Bensouda et Eric McDonald ont plutôt étalé le résultat d’une enquête mal faite et précipitée.
Procès Laurent Gbagbo et Blé Goudé, Me Altit et N’Dry attendus
La défense, qui dans un premier temps avait émis la possibilité d’obtenir la libération de Laurent Gbagbo et Blé Goudé sans citer de témoins, a désormais la parole pour enfoncer un peu plus l’équipe du Procureur. Eric McDonald a indiqué, comme pour se trouver une porte de sortie honorable, l’existence d’une enquête contre les anciens rebelles accusés de crimes dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Les procès de ces derniers sont réclamés depuis plus de 5 ans, mais aucune réponse claire de la CPI n’avait été communiquée avant la semaine dernière.
Me Altit Emmanuel peut toujours en rester là dans ce procès que tout le monde s’accorder à taxer de machination contre son client Laurent Gbagbo. La preuve formelle des accusations portées contre leurs clients n’ayant pas été apportée, la défense peut obtenir leur libération en demandant aux juges de se prononcer le plus vite possible.
Ce n’est pourtant pas ce qu’il va faire puisque de sources proches du dossier, les deux coaccusés tiennent à démontrer à la face du monde que leur jugement à La Haye est un procès en sorcellerie engagé par la France et le pouvoir Ouattara. Avec les témoins de la défense, le plan serait de démontrer l’implication et les manoeuvres illégales de la France pour installer Alassane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, depuis Jacques Chirac jusqu’à Nicolas Sarkozy.
Même si le juge a tout fait pour centrer les débats sur les faits survenus après l’élection, Me Altit et Claver N’Dry ont pu progressivement l’amener à prendre en compte le contexte global de la crise. Les jours à venir s’annoncent forcement décisif pour ce procès qui a tenu en haleine les partisans de Laurent Gbagbo et Blé Goudé, voir les Africains, qui n’ont cessé de démontrer leur indéfectible soutient à ces deux leaders.