Au Bénin, le procureur de la République est résolu à entendre quelques proches de Thomas Boni Yayi. L’accusation a demandé la levée de l’immunité de trois députés et l’accord du Parlement pour poursuivre trois anciens ministres de l’ex-président béninois.
Des personnalités proches de Boni Yayi poursuivies par la Justice béninoise
Élu sans étiquette et sans l’aide des partis traditionnels en 2016, le nouveau Président du Bénin Patrice Talon avait ordonné des audits dans les principaux secteurs de l’économie nationale. Les rapports des audits ont révélé des dérives dans le domaine du coton, ainsi qu’au niveau des concours de recrutement pour la fonction publique. L’audit a révélé au total un manque à gagner de plus de 125 milliards francs CFA.
Fort de ce préjudice, les autorités béninoises ont décidé d’engager des poursuites judiciaires contre les personnes qui étaient à la tête de ces structures publiques au moment des faits. La Haute Cour de Justice s’intéresse ainsi à trois anciens ministres du régime Yayi Boni. Il s’agit de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances Komi Koutche, l’ancienne ministre de l’Agriculture Fatouma Amadou Djibril et celui de la Fonction publique Aboubakar Yaya.
Ces poursuites judiciaires visent à tirer au clair tous les dossiers de malversations dans lesquels sont impliquées ces personnalités politiques. Le Procureur de la République a par ailleurs demandé la levée de l’immunité parlementaire des trois députés, à savoir Atao Hinnouho, Valentin Djènon et Idrissou Bako, afin d’entendre ces parlementaires sur l’origine du préjudice.
Si les intéressés n’ont pas encore réagi, l’opposition dénonce d’ores et déjà une « persécution des hommes politiques » et surtout contre les Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE), le parti fondé par Yayi Boni.
Toutefois, rien n’est encore joué. Les députés béninois devront débattre de cette requête en avril prochain, lors de la prochaine session ordinaire de l’Assemblée nationale. Pour le ministre de la justice, Joseph Djogbenou, peu importe l’avis des parlementaires, l’essentiel est d’avoir engagé cette procédure. « Peu importe pour nous la décision de l’Assemblée nationale, nous aurons accompli notre part de responsabilité, les autorités auraient accompli leur part de responsabilité et nous verrons les résultats que cela va produire », a-t-il conclu.