Ce mercredi 7 mars, le ministre de l’Intérieur du Gabon a reçu des proches de Jean Ping. Une situation inédite, d’autant plus que cela ne s’était plus produit depuis la crise née de la contestation de la réélection d’Ali Bongo en 2016. Cette rencontre signifie-t-elle une possible décrispation entre les deux camps ?
Des pro-Jean Ping en conclave avec le Gouvernement, une médiation souterraine en vue ?
A quand la fin du bras de fer engagé entre les deux principaux leaders de la classe politique gabonais ? En effet, après la réélection d’Ali Bongo à la présidentielle d’août 2016, son challenger Jean Ping ne démord toujours pas. L’opposant a multiplié ses tournées nationales et internationales pour revendiquer sa victoire et réclamer le départ du chef de l’État du pouvoir.
Début janvier, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre Paris pour une énième tournée international, le chef de file de l’opposition a été interdit de sortir du territoire national à cause de l’affaire Pascal Oyougou dans laquelle il est cité. Redoutant de se faire arrêter, l’ancien président de la Commission de l’Union africaine ne s’était pas présenté au jour de l’audience.
La tempête s’est pour l’instant calmée au Gabon, mais face à l’enlisement de la crise et à l’orée des élections législatives prévues pour fin avril, la situation pourrait encore dégénérer.
Cependant, si M. Ping n’entend pas participer aux législatives, refusant de légitimer ainsi le pouvoir Bongo, certains membres de son entourage voient les choses autrement. Ces derniers pensent qu’il est nécessaire d’y aller, car il ne faut pas laisser Ali Bongo Ondimba être le seul maître à bord. Aussi, l’une des pistes de sortie de crise au Gabon passe inévitablement par un échange entre le locataire du palais de bord de mer et ses adversaires politiques.
Ce mercredi, le ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha, a reçu au Delta Postal, siège de son ministère à Akanda, différentes formations politiques (proches du pouvoir et opposants confondus). Cette rencontre a surtout été marquée par la présence des poids lourds de l’opposition, à savoir Zacharie Myboto, Guy Nzouba Ndama, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, Louis Gaston Mayila et Michel Menga, tous des proches de Jean Ping.
Hormis les préparatifs des élections législatives qui étaient à l’ordre du jour, cette rencontre est également une preuve que le mur de méfiance est en train de tomber peu à peu entre les acteurs politiques gabonais.