Le candidat investi à la presidentielle au Mali 2018, au compte du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP, opposition) Yeah Samaké a émis des « doutes et des réserves » sur l’organisation d’élections libres et transparentes au Mali, à trois mois de la présidentielle, dans une interview à ALERTE INFO.
Plusieurs membres de l’opposition ont signé dimanche soir le manifeste pour l’alternance et le changement, que pensez-vous de cette signature, en tant que candidat à la présidentielle au Mali de juillet ?
C’est intéressant du point de vue personnel, je me demandais s’ils allaient parvenir. Mais jusqu’aujourd’hui, je ne sais pas les termes de ce consensus. Coalition autour de quoi, autour de qui, cela n’est pas justifié et c’est le plus difficile. Si ces questions ont été occultées, nous ne voyons pas l’utilité de cette coalition. Nous sommes à l’approche de l’élection présidentielle, nous souhaitons voir cette opposition avec un candidat unique, si elle parvient à faire cela, elle pourra constituer une force électorale. Mais à ce stade, un consensus autour d’une coalition dont les termes ne sont pas définis, cela nous laisse sur notre faim.
Vous auriez adhéré à cette coalition si les termes étaient définis ?
Non forcement pas, je donne une appréciation générale. En termes d’adhésion à une coalition, le Parti pour l’action civique et patriotique (PACP) a toujours évité cela car nous ne sommes pas dans cette optique. Nous pensons qu’il ne faut pas s’allier à tout le monde. Il y a des gens auxquels on peut s’allier et d’autres, on ne peut pas. Nous avons décidé d’aller à l’élection présidentielle en tant que parti autonome et indépendant. Nous ne recherchons pas une coalition au premier tour. Au second tour, compte tenu de notre score, ceux qui se voient dans notre vision peuvent s’associer au PACP pour une victoire finale. Sans complexe, nous allons seuls à la presidentielle au Mali pour appuyer notre vision et programme audacieux sur la stabilité, paix et la prospérité au Mali.
Le 27 avril, le Premier ministre a rencontré les membres du comité qui ont travaillé sur le fichier électoral. Selon leur conclusion, le fichier est fiable, est ce que cela vous rassure ?
Cela nous rassure d’un point, celui du fichier électoral. De toute façon, au niveau du PACP, nous avons confiance en la délégation générale des élections qui nous a rassurés lors d’une visite de courtoisie. La fiabilité du fichier électoral nous rassure, mais ce n’est pas le seul élément. D’abord il y a une gestion opaque du processus électoral, le gouvernement doit faire en sorte que les acteurs politiques soient impliqués. En tant que candidat investi de mon parti, je n’ai pas été saisi par le gouvernement pour une quelconque rencontre, nous apprenons tout dans la presse. Cela démontre le manque de transparence dans le processus et j’invite le gouvernement à réunir les acteurs politiques car il y va de la crédibilité du processus.
Croyez-vous en la capacité du gouvernement d’organiser des élections libres et transparentes sur l’étendue du territoire dans un environnement sécurisé ?
A juger par un passé récent, non. Ils n’ont pas pu organiser les élections municipales (en novembre 2016) à date et sur toute l’étendue du territoire. Nous avons des doutes et des réserves, mais nous osons croire que le gouvernement va se surpasser pour tenir la présidentielle dans le délai constitutionnel en vue d’épargner les Maliens aux effets inattendus. Nous ne souhaitons pas qu’à la veille de la presidentielle au Mali du 29 juillet qu’on réalise que les conditions ne sont pas réunies pour des élections fiables. Nous savons que le niveau de la gestion n’est pas très élevé, nous souhaitons que l’alternance se réalise pour que le Mali puisse connaitre un leadership avec intégrité et une gouvernance moderne.