C’est le branle-bas au sein de l’armée ivoirienne, tant les suspicions au sujet d’éventuelles mutineries sont grandissantes. Les forces de défense et de sécurité ont donc été mises en alerte pour annihiler toute velléité de soulèvement.
Bruits de bottes dans les casernes, l’armée en alerte
Lors de la présentation des voeux au chef de l’État, début janvier, le ministre de la Défense Hamed Bakayoko avait indiqué qu’il n’y aurait plus de mutineries en Côte d’Ivoire. Seulement, au lendemain de cette déclaration, le Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO) et le troisième bataillon militaire de Bouaké s’affrontaient. Le calme est par la suite revenu dans la région du Gbêkê après l’intervention de hautes autorités sécuritaires et politiques.
Cette accalmie générale qui planait sur le pays vient à nouveau d’être pertubée avec la recherche de caches d’armes sur l’ensemble du territoire et surtout la grogne d’une partie des 8400 anciens rebelles intégrés à l’armée ivoirienne qui disent n’avoir pas encore perçu leur prime Ecomog de 12 millions de FCFA.
En effet, suite à la découverte d’un impressionnant arsenal de guerre à Bouaké au domicile de Souleymane Kamaraté Koné alias Soul to Soul, le chef du protocole du président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, le président Alassane Ouattara avait instruit la haute hiérarchie militaire de chercher d’autres caches d’armes qui seraient disséminées à travers le pays, d’autant plus qu’un rapport des Nations unies accusait le chef du Parlement ivoirien de détenir 300 tonnes d’armes à titre privé.
Avec cette opération de détection d’armes, les résidences de Guillaume Soro à Ferkessédougou et à Zakoua dans le village de son épouse, ainsi que dans les demeures de six anciens Commandants de zone (com’zones) qui lui sont proches, ont été passés au peigne fin, voire survolés par des drones-espions. Sept autres militaires proches de l’ancien chef rebelle et exerçant à Bouaké ont été convoqués d’urgence par l’état-major à Abidjan pour être entendus. La décision de leur mutation au sein d’autres corps de l’armée est même envisagée.
Le chef d’état-major des armées, le général Sékou Touré, a d’ailleurs mis ses hommes en alerte maximale sur une période allant du 1er au 18 mai afin d’anticiper sur les bruits de bottes qui se font de plus en plus assourdissants au sein des casernes ivoiriennes. Les deux avions de guerre de type MI-24, récemment acquis par l’État ivoirien, ont d’ailleurs survolé, pendant plusieurs heures, Yamoussoukro, la capitale politique et administrative, et surtout Abidjan, sans oublier Bouaké, ancien fief de la rébellion et épicentre de toutes les contestations d’ordre militaire.