À en croire les dirigeants du Fonds monétaire international (FMI), l’endettement des pays africains est un obstacle à leur développement. Et pourtant, la course à l’emprunt semble être le jeu favori du régime Ouattara.
Le responsable Afrique du FMI fustige l’endettement effréné des pays subsahariens
À son accession à la magistrature suprême, le président Alassane Ouattara avait promis de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. Pour ce faire, le successeur de Laurent Gbagbo s’est évertué à renouer avec tous les bailleurs de fonds qui avaient tourné le dos au pays. Ancien gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et directeur du département Afrique du Fonds monétaire internationale (FMI), cet économiste émérite s’est lancé sur le marché international pour bénéficier de l’aide nécessaire afin de mettre son programme de gouvernement en oeuvre.
Aussi, à rebours de son prédécesseur qui avait opté pour un « budget sécurisé » (compter sur les ressources internes du pays), et surtout à un désendettement du pays par l’éligibilité à l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés), le président Ouattara et son gouvernement ont plutôt ouvert les vannes sur les marchés financiers. Les dettes bilatérales ou provenant des institutions de Bretton Woods (FMI, BM), les emprunts obligataires et autre Eurobond, tous les coups sont bons, pourvu que les caisses de l’État soient renflouées.
Et pourtant, le directeur du département Afrique du FMI vient de jeter un gros pavé dans la mare. Abebe Aemro Sélassié s’est en effet voulu très formel : « Les vulnérabilités économiques sont en hausse dans de nombreux pays qui tardent à assainir leurs finances publiques. Sur les 35 pays à faible revenu de la région, 15 sont aujourd’hui en surendettement ou risquent fortement de le devenir. »
Le collaborateur de Christine Lagarde appelle donc les pays africains à mieux maîtriser leurs budgets, à améliorer la collecte de l’impôt et à créer un cadre favorable à l’investissement.
Les taux de croissance avoisinant les deux chiffres dont se targuent les autorités ivoiriennes ne sauraient donc avoir un véritable impact sur le développement de la Côte d’Ivoire et le mieux-être de la population dans la mesure où le pays croulera pendant plusieurs décennies sous le poids de la dette.